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MoMA : deux siècles de photographie en studio

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Réunissant images fixes et images mobiles, l’exposition du MoMA A World of Its Own: Photographic Practices in the Studio explore l’utilisation de l’espace du studio par les photographes et les artistes, et ce depuis la création de la photographie en 1826. Ainsi Quentin Bajac, le premier non Américain à la tête du département photo du musée new-yorkais (depuis janvier 2013), et dont c’est la première véritable exposition, souligne-t-il dans Time Magazine : « En cette ère numérique durant laquelle une jeune génération de photographes passe beaucoup de temps en studio, j’ai senti qu’il était important de reconnaître le rôle joué par cet espace dans l’histoire de la photographie. »

L’exposition comprend plus de 150 images du XIXe siècle à nos jours, dont de récentes acquisitions ou des pièces de la collection du MoMA peu vues ces dernières années. L’introduction est assurée par une œuvre morcelée de l’artiste Bruce Nauman, dont le travail mêle sculpture, vidéo, son, performance, néon, et photographie. Une image de débris sur le sol d’un studio, datant de 1967 et constituant une sorte de paysage lunaire. Mais très vite, de grands noms du medium assurent le prestige de l’évènement : Man Ray, Berenice Abbott, Harry Callahan, Cecil Beaton, Irving Penn, Julia Margaret Cameron, Eikoh Hosoe, Edward Steichen, Edward Weston, Cindy Sherman, ou encore Josef Sudek. De ces gloires ancestrales, on verra souvent des tirages méconnus, pour le plaisir de la redécouverte. Dans cette traversée de l’histoire photographique en six étapes — le studio comme laboratoire, scène, atelier, espace neutre, espace virtuel, terrain de jeu —, il faut alors attendre le centre de l’exposition pour éventuellement être surpris par les travaux de noms moins célèbres. Dont le trop discret Peter Hujar et ses magnifiques portraits de l’homosexualité, ou les fantasques Laurie Simmons et Allan McCollum, et leurs photographies de poupées de cire qui aiment provoquer l’intrigue. « Je voulais contourner les catégories traditionnelles associées à la photographie de studio (portrait, publicité, mode, nus, etc), dit Quentin Bajac, et plutôt envisager, avec ces sections, le studio du photographe comme un espace autonome, dans toute sa diversité et, parfois, ses contradictions. »

Quand la photographie d’extérieur — de rue ou documentaire — a toujours été attachée à dépeindre la réalité, le studio demeure pour les photographes, et depuis plus d’un siècle, un endroit de création artistique plus ou moins intense. Et c’est bien le principal propos de A World of Its Own: Photographic Practices in the Studio. Quatre murs où les artistes y trouvent encore la solitude, cet état indispensable, presque vital, à leur existence. Là où Philippe Halsmann a convié Dali à leurs délires communs, pour des portraits à la vitalité rarement égalée ; là où au contraire la triturée Francesca Woodman a trouvé refuge, puis l’enfermement psychologique qui l’a amenée à se donner la mort. De ses deux photographes, étrangement absents de l’exposition, et de ceux qui ne le sont pas, nous apprenons peut-être que l’homme sait le plus habilement communiquer lorsque parlant à lui même, et lui seul.


EXPOSITION

A World of Its Own: Photographic Practices in the Studio
MoMA New York 
Jusqu’au 5 octobre 2014
11 W 53rd St, New York, NY 10019
(212) 708-9400

http://www.moma.org/

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