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Moscou Photobiennale 2014

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Dans le cadre du 10e Mois international de la photographie à Moscou Photobiennale 2014, le Musée des arts multimédia de Moscou (MAMM) présente sous le titre Le dégel une exposition de l’œuvre du grand photographe et journaliste soviétique et russe Vladimir Lagrange, aujourd’hui un classique de la photo russe. On trouve ses œuvres dans les musées et les collections privées de Russie, d’Italie, de Grande-Bretagne, de Suisse et d’Australie. Lagrange a participé à nombre d’expositions et de concours internationaux. Citons l’Exposition internationale de Budapest (1963), Les saisons de la photographie russe à Milan (2003), organisées par la Maison de la photographie de Moscou, parmi beaucoup d’autres ; il a obtenu de nombreux prix professionnels et de médailles, y compris le grand prix de la Guilde des photographes professionnels et de l’Union des journalistes L’œil d’or. Vladimir Lagrange a collaboré à divers périodiques russes et étrangers tels que  Literatournaya Gazeta (le Journal littéraire), Komsomolskaya Pravda, Sovetski Soyouz (Union Soviétique), Paris Match, Freie Welt ; ainsi qu’avec des agences d’information telles que TASS, APN, Sipa Press. En 1987, il était parmi les 100 correspondants de différents pays qui participèrent à la création du livre Un jour de la vie de l’Union Soviétique, publié aux Etats-Unis.

Vladimir Lagrange est né en 1939. Au cours de son travail pour la Chronique photo de l’agence TASS de 1959 à 1963, il a la chance de rencontrer les éminents photojournalistes soviétiques Vassili Egorov et Nikolaï Koulechov, qui ont une grande influence sur ses opinions et ses méthodes de travail. En 1963, Lagrange participe à sa première exposition internationale à Budapest, où il se voit décerner la Médaille d’or pour sa photo Les petites danseuses, prise au studio de danse du Palais des pionniers nouvellement construit sur les monts Lénine.

Les années de « dégel » marquent une époque bien particulière de l’histoire soviétique. L’atmosphère du pays se met à changer imperceptiblement. La fameuse image de Vladimir Lagrange Les Pigeons, que la revue Sovetskoyé Foto publie sur une double page, chose fort rare pour les magazines de l’époque, rend avec force cette atmosphère de liberté nouvelle. On voit de jeunes étudiants  remplis de projets et d’espoir se promener sur la place Rouge après la fin de leurs études scolaires alors que des pigeons s’élèvent au-dessus d’eux dans le ciel. Les photos traditionnelles figées et sans vie, faites sur commande officielle lors des parades ou des congrès du Politburo, cèdent la place à des images, certes encore mises en scène, mais qui respirent la liberté et permettent de jeter un nouveau regard sur l’époque. La nouvelle génération de photographes utilise de nouvelles formes d’expression, professe de nouvelles valeurs, expérimente et cherche de nouveaux moyens, des méthodes et des images nouvelles.

En 1963, Lagrange devient envoyé spécial de la fameuse revue Sovetski Soyouz, créée par analogie aux magazines étrangers sur papier glacé et appelée à faire à l’étranger la propagande du mode de vie soviétique. En 1964, Vladimir Lagrange se rend à Paris au sein d’un groupe de jeunes envoyé par la Société URSS-France sous l’égide du CC des Jeunesses communistes. Voici les souvenirs qu’il en rapporte : « Voilà que je me retrouvais, moi qui n’étais pas membre du parti et qui portais le nom que je porte, dans le pays de mes ancêtres. Je ne parlerai pas en détail des impressions, des émotions, de l’étonnement dont j’étais submergé. Ces souvenirs se sont exprimés dans mes photos. Je ne dormais plus. En une nuit je tirai plus de deux cents photos. Ma revue n’avait nul besoin de ce reportage. Mais comme Charles de Gaulle devait venir en Union Soviétique à l’automne de cette année-là, la Literatournaya Gazeta me demanda de lui montrer mes prises de vue. Les photos plurent au journal mais ils me demandèrent si je n’avais pas d’images de clochards, de pauvres, de scènes dramatiques avec les rebuts de la société. Même ce journal littéraire pensait devoir montrer les aspects négatifs de la vie là-bas. L’idéologie veillait. Mais je n’avais rien pu photographier de pareil. D’ailleurs ce n’était pas pour cela que j’avais fait le voyage. Pourtant le journal plaça tout de même une double page de mes photos… »

De 1989 à 1991, Vladimir Lagrange travaille au journal Rodina, puis jusqu’en 1995 à l’antenne de Moscou de l’agence française Sipa Press. Après 1995, Lagrange ne collabore plus aux revues. Il continue à faire des photos pour son site, voyage beaucoup, veut se prouver qu’il est encore capable de faire des reportages photographiques, activité qu’il avait délaissée et à laquelle il voudrait revenir. En voyageant à travers l’Italie, Lagrange reste fidèle à sa manière de photographier en faisant attention à bien placer ses accents ; il se concentre avant tout sur le coloris du pays et veille à capter chez ses personnages les traits capables de toucher les cordes les plus sensibles de l’âme.

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