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Paris : Yan Morvan

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« Pendant la guerre du Vietnam, les Marines accrochaient sur les cadavres de leurs victimes vietcongs les « cartes de la mort », les « aces of spades » (as de pique) censés terrifier les éventuels survivants… C’est un peu l’effet que me font ces instantanés Polaroïd rassemblés dans plusieurs boîtes et collectionnés pendant mes reportages des années 90. Famine au Rwanda, guerre en Irak, actrices porno américaines, ex-dirigeants du KGB posent pêle-mêle dans un enchevêtrement dénué de sens. En plaçant les cartes dans de subtils arrangements, j’obtiens des contrastes saisissants : un enfant africain décharné à côté d’une adepte de l’embaumement sado-maso, une fermière normande nymphomane côtoyant un hippie du Colorado se prenant pour le Christ, etc. Je m’étonnais moi-même en faisant ces images, parfois subjugué par la fragilité et l’horreur de ce monde où nous vivons… Mes « aces of spades ». » — Yan Morvan. Paris, avril 2014.

La galerie MGF présente une exposition originale constituée de Polaroids inédits de Yan Morvan. Elle retrace le travail du reporter photographe à travers le monde, tel qu’il l’a parcouru, passant de l’horreur des conflits armés au monde illusoire du porno. Schizophrenia, c’est ce soldat aux yeux fermés, à l’expression douce et érotique tenant fermement son arme. De l’autre côté du monde, c’est une femme aux seins nus brandissant un pistolet en plastique qui pose face au photographe. Yan Morvan présente un monde de violence et d’érotisme crus. Les chairs à vif sont celles des soldats, des actrices porno, des hommes et des femmes ordinaires aux fantasmes et aux destins singuliers.
Ces instantanés sont la preuve du délire de notre monde et de la boulimie d’images qui anime Yan Morvan. Ce parcours atypique, tant photographique que géographique, nous incite à le suivre et à devenir témoin du caractère hétéroclite et disparate de l’existence. Rien de ce qui nous est donné à voir n’est éphémère. Le monde de Yan Morvan est un monde fini dans l’espace et le temps. Ses photographies annoncent la mort, la jouissance, puis le vide auquel elles laisseront place. La répétition de l’acte photographique nous renvoie à cet érotisme de la prise de vue quand la quête d’images devient renversante et fait basculer nos valeurs, quand la quête de soi impose au photographe de chercher dans la violence du monde qui il est vraiment. Il est comme les autres, fait de cette densité particulière : celle des corps à la chair précaire. « Deviens ce que tu es. » C’est l’adage de Yan Morvan. « Deviens ceux que tu es. » C’est la discordance de notre pensée, de nos émotions et de notre rapport au monde.
C’est le témoignage de Schizophrenia.

EXPOSITION
Schizophrenia
de Yan Morvan
Du 3 au 13 juillet 2014
Galerie MGF
13, rue de la forge-royale
75011 Paris
France

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