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MEP : Pascal Maitre

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Il y a quelques années après une exposition à Istanbul, une journaliste de Géo Magazine m’a parlé d’un photographe qui viendrait en Afrique pour me suivre dans mon quotidien à Porto-Novo où je vis et travaille. C’est ainsi que j’ai entendu parler de Pascal Maitre pour la première fois.

Rendez–vous était donc pris au Bénin.

En sa compagnie, à son contact, j’ai reçu une des meilleures leçons de photographie. J’ai compris que ce n’est pas la technique qui compte, c’est la volonté de raconter une histoire, c’est le point de vue, c’est l’engagement, qui font de la photo une œuvre et aussi une preuve.

Quand je regarde les images de Pascal, je comprends que c’est son secret. Il ne prend pas des photos, il regarde l’Afrique et les Africains à hauteur d’homme. Pas l’Afrique d’ailleurs, les Afriques.

Celle des guerres évidemment, malheureusement. 

Il va dans les zones de conflits car il est concerné par ce qui ce passe chez nous, en dépit des dangers et du risque qu’il prend. Mais il ne photographie pas la guerre, il photographie un continent en guerre. Et en trouvant l’innocence, la beauté, l’humanité dans ce qu’il y a de plus cruel, laid et inhumain, il dénonce avec encore plus de force nos errements et notre folie. 

Celle des croyances.

Ancestrales, respectables, étonnantes, effrayantes, fabriquées, dangereuses, en Afrique plus qu’ailleurs, divinités et rites d’hier se mêlent aux pasteurs et arnaques d’aujourd’hui.

Celles de l’enfance. L’Afrique est un continent tellement jeune mais rien n’est fait pour cette jeunesse. Rien pour qu’elle puisse être éduquée, s’élever et changer le cours des choses que les gouvernants veulent à tout prix garder ainsi.

Celle de la couleur, qui vibre autant dans les rues, sur les marchés que dans un bar délavé ou dans la chambre de cette villa somalienne baignée de rose, qui éclate dans le jaune du désert comme dans le vert des forêts.

Enfin celle de la créativité et de la culture. C’est là que réside l’espoir de changement, dans notre capacité à inventer, à créer, à recycler, à magnifier, à renouveler, à nous adapter.

Quand je regarde les images de Pascal, je passe du sourire à la colère, de la honte à l’admiration. Je lui suis reconnaissant d’avoir vu tout ça et de continuer à voir. De nous aimer autant pour nous dire autant.

Les photos de Pascal Maître ressemblent à des tableaux. La vie en plus.
 

Romuald Hazoumè
Artiste plasticien béninois.Vit et travaille à Porto-Novo.

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