Voici mon dernier travail, effectué en Albanie. Il s’agit d’un reportage sur le phénomène de vendetta, plus exactement sur la « reprise du sang », réalisé d’une manière très personnelle et intimiste.
Sont-ils des prisonniers? Des otages? Des victimes ou des futurs criminels? Tous ces mots leurs correspondent mais aucun ne les décrits vraiment. Avant tout se sont des enfants, des mères, et des pères dont la famille est impliquée dans une histoire de vendetta régie par le Kanun, un code d’honneur féodal décrété par le grand suzerain de l’époque Lek Dukagjini (15ième siècle) afin de réguler la vie quotidienne. Ce code social ancestral, oblige entre autre, de commettre un meutre afin de sauver l’honneur si il eu été atteind par humiliation ou un meutre antérieur. Des histoires d’un autre temps, souvent tragiques, à seuleument 2 heures d’avion de Milan. Noja, sa femme Angje et leurs enfants sont maintenant pris dans cet engrenage infernal depuis 20 ans. Sans jamais n’avoir commis d’autres fautes que celle d’appartenir au mauvais clan. Ils sont privés de leurs droits les plus basiques: droit à l’éducation, à une vie sociale, et à la liberté de se déplacer librement. Leur maison, seul lieu où ils sont en sécurité, est devenue leur prison.
J’ai souhaité réaliser un reportage loin des clichés habituels souvent trop pathétiques, en me concentrant sur l’émotionnel plutôt que le sensationnel, tout en lenteur, comme ce temps qui s’est s’immobilisé pour eux. Je propose également une nouvelle forme de narration en impliquant les protagonistes en tant qu’auteur, en incluant leurs témoignages écrit principalement et des photos également prises avec des appareils photos jetables que je leur ai donné. Ils nous révèlent ainsi leurs univers, leurs craintes et espoirs, et pointent l’isolement insoutenable auquel ils font face.
Laetitia Vancon
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