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Titus Simoens au Palais des Beaux-Arts, Bruxelles

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Le Monography Series Award Nikon-Bozar récompense l’œuvre d’un photographe belge et lui donne la chance de présenter une exposition solo au Palais des Beaux-Arts. Parmi les 120 candidatures, le jury a sélectionné l’œuvre de Titus Simoens (né en 1985, à Gand). L’artiste a concouru avec Mount Song, une série réalisée en 2013 dans une école de kung-fu de la province chinoise du Henan.

Pendant sept semaines, le photographe a braqué son objectif sur des scènes de la vie quotidienne d’enfants vivant dans une communauté recluse soumise à une discipline très stricte. Il s’est littéralement fondu dans le décor au point de devenir invisible, ce qui lui a permis de prendre des photographies exceptionnelles.

Après Ostende, et maintenant Cuba, où tu te trouves actuellement en plein travail, peux-tu nous parler de la série que tu réalises sur les enfants dans des écoles ? As-tu toi-même été envoyé dans ce genre d’école étant petit ?
J’ai commencé à travailler ce thème en 2011. Il s’agit d’enfants qui vivent ensemble dans un environnement fermé et apprennent un métier, quelque chose de spécifique pour l’avenir. Je me suis intéressé à ce sujet après avoir, par hasard, visité l’école Ibis à Ostende, en Belgique (enseignement primaire et secondaire technique maritime). Je n’ai pas fait moi-même ma scolarité dans ce genre d’établissement, mais je pense que ces lieux font facilement remonter les souvenirs et les ressentis d’enfance.

Tu as partagé le quotidien de ces enfants, vivant avec eux à temps plein. N’éprouves-tu pas le besoin d’écrire l’histoire de ce temps qui passe, de la discipline, de l’enfance enfermée, de l’absence des parents — tout ce que tu as pu observer et surtout ressentir ?
Je n’ai pas besoin d’écrire au sujet de mes photos. Mon travail n’est pas une sorte de documentaire photographique, il est très subjectif. Même si je suis conscient et attentif à la situation. Ces enfants vivent ensemble à un âge si précoce pour apprendre quelque chose qui va les influencer pour le reste de leur vie. Je me demande si c’est une bonne façon de grandir. Que feront-ils après avoir quitté cette école quand ils devront s’intégrer dans un tout autre genre de monde ?

Pour l’exposition au Bozar, tu as collaboré avec le menuisier Alexandre Lowie, qui a réalisé les cadres de tes photos. C’est un one shot ? Qu’est ce que cela apporte réellement à ton travail ?
C’est le début d’une collaboration intéressante. Il comprend très bien mon travail et nous recherchons la meilleure présentation ensemble. Le choix du bois est longuement réfléchi et décidé en fonction de chaque image. Pour l’exposition au Bozar, il a en effet réalisé les cadres, les caissons lumineux, mais aussi une très belle table dans laquelle 300 photos faites par les enfants eux-mêmes sont présentées. Nous préparons ensemble une nouvelle exposition qui aura lieu au Caermersklooster de Gand en février prochain, et où je montrerai l’ensemble de mon projet : Blue, See et Mount Song, ainsi que la dernière série que je suis en train de réaliser maintenant à Cuba.

Il y a très peu de femmes dans ton travail, globalement. C’est un choix ou c’est inconscient ?
Les filles ne sont pas autorisées dans ces écoles. Et je suis moi-même un jeune garçon.
Je pense que cela a du sens. 

Tes photographies sont comme des tableaux. Les décors et les paysages sont aussi présents que les personnages. Le temps est suspendu, même si la scène est en mouvement. Comment organises- tu ta photo ? Comment la penses-tu ? Tu trouves l’endroit et tu attends que quelqu’un s’y hasarde ?
En passant beaucoup de temps au même endroit, on voit les choses encore et encore. On peut attendre, observer et ensuite décider ce qu’il faut montrer. Après un moment, les choses se mettent en place, se réunissent. Mais c’est très conscient, ce n’est pas par accident.

Quels sont les photographes — ou les artistes — qui t’ont inspiré, qui t’inspirent encore ?
Je n’étudie pas les autres photographes ou artistes. Mais j’ai toujours aimé le travail de Diane Arbus. Ses photos racontent beaucoup plus que ce que l’on voit sur l’image. J’aime aller voir des expositions, parler avec d’autres artistes et regarder des livres. Mais la plus grande partie de mon inspiration vient de mes sorties et de mes expériences.

Qu’est ce qui fait un bon photographe, selon toi ? Quels talents doit–il avoir ?
Un bon photographe pour moi, c’est celui qui essaie de trouver quelque chose qui l’intéresse et qui s’engage pour cela, quelque chose de très personnel. C’est difficile de dire quels talents il faut, il y a beaucoup de bons photographes. Il suffit de faire ce que vous avez à faire et d’être critique envers vous-même.

Que prévois-tu dans les prochains mois ?
Je prévois une nouvelle exposition solo le 19 février 2015 au Caermersklooster à Gand, en collaboration avec Alexander Lowie. Je montrerai la série complète et le livre qui reprend l’ensemble de ce travail.

 

EXPOSITION
NIKON-BOZAR MONOGRAPHY SERIES AWARD #2
Mount Song,
de Titus Simoens
Jusqu’au 14 décembre 2014

Palais des Beaux-Arts
Rue Ravenstein 23
1000 Bruxelles

www.bozar.be
www.titussimoens.be

 

 

 

 

 

 

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