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Londres : Conflict, Time, Photography : les images d’après la guerre

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A la Tate Modern de Londres se tient jusqu’au 15 mars une exposition qui s’intéresse à de nombreuses photographies réalisées à la suite de conflits ou d’évènements de conflits. Il en va d’images prises quelques secondes après la détonation d’une bombe à des paysages de lieux de batailles capturés plusieurs années après, en passant par des portraits de victimes ou des natures mortes de symboles ou d’objets guerriers. Le temps, c’est la donnée essentielle de Conflict, Time, Photography, qui croise dans une dizaine de salles dédiées les différents conflits marquants depuis l’invention de la photographie il y a 150 ans.

Organisée de façon chronologique, ces dernières immergent le spectateur, selon les titres de chaque salle, « Quelques moments après », « Des mois », « 10 à 25 ans » ou « 85 à 100 ans » après les évènements que les photographies dépeignent. On y retrouve des images célèbres et moins connues de la Guerre civile américaine, de la Première Guerre mondiale, d’Hiroshima, une récurrence, du conflit au Vietnam ou, plus récentes, des combats qui progressent encore actuellement en Syrie.

Pour introduire l’exposition, quel meilleur choix que l’emblématique portrait de Don McCullin représentant, en 1968, un marine apeuré quelques minutes après une bataille sanglante, et qui regarde majestueusement droit devant lui ? Dans la première salle, l’image fait face à celle, bien plus suggestive, de Luc Delahaye, qui avait capturé en 2001 à Ramani (Irak) un nuage de poussière s’élevant au ciel après l’explosion d’un engin explosif IED. Cette frontière entre représentation spontanée des traumatismes et suggestion des faits passés ou de leur violence est ainsi l’une des composantes majeures de l’exposition. On la retrouve à tour de rôle dans les travaux de Simon Norfolk, Susan Meiselas, Stephen Shore, Jo Ractliffe, Michael Schmidt, et bien d’autres.

Parmi les œuvres les plus remarquables et souvent les moins réputées, il y a une série de larges photographies en couleur de l’artiste française Sophie Ristelhueber, intitulée Fait et conçue sept mois après la fin de la première guerre du Golfe. Le travail jamais exposé de Diana Matar, photographe libyenne qui un an après la chute de Kadhafi en 2012, a documenté des lieux de tortures en Libye. Une série obsédante du japonais Kikuji Kawada, intitulée Maps (Cartes), qui a retracé durant deux décennies l’impact de Hiroshima et la souffrance de son pays après la Seconde Guerre mondiale. Ou encore cet ultime et poignant travail de l’anglaise Chloé Dewe Mathews qui, en 2014 et pour le centenaire de la Première Guerre mondiale, a photographié l’endroit précis ou de souvent jeunes soldats ont été exécutés pour désertion ou mutinerie.

C’est donc la façon dont les photographies, la plupart du temps évocatrices et emblématiques, sont exposées qui est remarquable. Elles se complètent par leur diversité de styles et de significations. Point d’ancrage de cet angle et au milieu de ce cheminement à travers l’Histoire, les célèbres panneaux cérébraux de l’artiste contemporaine Taryn Simon et son travail sur la lignée de sang, faisant notamment apparaître ici les visages de descendants de figures nazies.

Novatrice car dénuée de sang ou de brutalité, s’appuyant sur le devoir de mémoire, Conflict, Time, Photography est aussi un événement pour la Tate, car l’exposition rassemble de récentes et nombreuses acquisitions photographiques, initiées par Simon Baker, conservateur en chef de la photographie au musée depuis 2009 (environ 3 000 pièces depuis son intronisation). Dans une interview au Guardian fin novembre, ce dernier a ainsi déclaré : « Le MoMA a commencé à collecter de la photographie dans les années 1930, le Centre Pompidou à la prendre au sérieux dans les années 80, et nous venons juste de nous y mettre. Je suis ici depuis cinq ans et nous avons une toute nouvelle stratégie pour la photographie. C’est un moment très important : nous avons reçus quelques dons et plusieurs acquisitions étonnantes, tant en termes d’œuvres britanniques, mais aussi d’œuvres mondiales. Nous avons maintenant la meilleure collection de photographie japonaise d’après-guerre en Europe, que nous avons acquis récemment et nous avons dorénavant d’excellents travaux venant d’Amérique latine et du Moyen-Orient. C’est très excitant. »

EXPOSITION
Conflict, Time, Photography
Jusqu’au 15 mars 2015
Tate Modern
Bankside
London SE1 9TG
Royaume-Uni
+44 20 7887 8888

www.tate.org.uk

 

 

 

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