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I try so hard, de Corinne Mariaud, à la galerie Annie Gabrielli (Montpellier)

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Pour sa nouvelle exposition,I try so hard, Corinne Mariaud reprend la figure du mannequin pour porter cette fois son attention sur le sourire. Si ce dernier fait partie intégrante de l’image de la femme dans le monde de la mode, que devient-il sous le regard d’une photographe plasticienne ?

L’artiste propose ici deux voies à sa réflexion : la première sur la durée et la seconde sur la répétition, qui correspondent respectivement aux deux médiums qu’elle convoque, la vidéo et la photographie en série. Dans les vidéos, les mannequins sont filmés en plan fixe et en continu pendant une à deux minutes, figés dans une expression de sourire. Avec ce temps qui s’étire, leur visage se crispe, manifestant l’inconfort et la difficulté de garder la pose.
Le sourire n’est alors plus une image positive d’ouverture à l’autre, d’échange ou de complicité. Suspendu dans le temps, et parfois douloureux, il s’apparente à un rictus grimaçant et suscite le malaise ; la spontanéité et la fugacité qui lui sont propres cèdent en effet le pas à l’artifice et à la fixité. Avec cette mimique forcée et surjouée, le portrait lisse, esthétiquement et socialement, se tord, se parant soudain des aspérités de la dissemblance. Le travail photographique se compose, quant à lui, de séries de trois clichés.

La règle est simple : un mannequin, trois coiffures, trois types de maquillage et trois styles vestimentaires. Le dénominateur commun de ces ensembles est le sourire, strictement identique d’une image à l’autre. Jouant pleinement avec les pratiques de la mode, la photographe transforme les mannequins jusqu’à les rendre méconnaissables. Dans le même temps, elle fonde curieusement les identités sur la permanence de leur sourire. Ce dernier, naturel dans le premier cliché, trouve deux échos successifs similaires au prix d’une observation fine et d’une interprétation rigoureuse de soi-même. Sorte de clonage visuel, à mi-chemin de la manière et de l’affectation, cette répétition forcée vide le corps réel de sa substance. Le désincarne, le dévisage.

A trop vouloir satisfaire les conventions ou les codes de la mode, un visage qui sourit peut inquiéter et déranger. Corinne Mariaud, avec ses outils et son langage, fait la démonstration de la dualité et de l’ambivalence du sourire dont elle arrive à en faire un sujet entre aménité et effroi, fascination et répulsion.

EXPOSITION
I try so hard, de Corinne Mariaud
Jusqu’au 21 mars 2015
Galerie Annie Gabrielli
33, avenue François Delmas (av. de Nîmes)
34000 Montpellier

Fermeture de la galerie du 9 au 17 février
    
http://galerieanniegabrielli.com
http://corinnemariaud.com

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