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Nicolas Poizot

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Autoroute [otoʀut] n. f. ou m.
« Large route réservée aux véhicules automobiles, protégée, sans croisements ni passages à niveau, et normalement à deux chaussées, réservées chacune à un sens de circulation. » (Dictionnaire Le Robert)

 

En l’espace de 43 ans la densité du réseau autoroutier français est passée de 1.010 kms à 11.882 kms. En moyenne quotidiennement,  26.621 véhicules empruntent chacune de ces routes. La normalisation, l’homogénéisation y règnent en maître : une aire de repos tous les 10 kms, une aire de service tous les 40 kms, une borne d’appel tous les 2 kms…

Comme l’écrit Marc Augé dans son livre « NON-LIEUX, introduction à une anthropologie de la surmodernité » :

« …Le parcours autoroutier est doublement remarquable : il évite, par nécessité fonctionnelle, tous les hauts lieux dont il nous rapproche; mais il les commente. Ce sont des textes disséminés sur le parcours qui disent le paysage et en explicitent les secrètes beautés. On ne traverse plus les villes, mais les points remarquables sont signalés par des panneaux où s’inscrit un véritable commentaire (…) Le lieu et le non-lieu sont plutôt des polarités fuyantes : le premier n’est jamais complètement effacé et le second ne s’accomplit jamais totalement – palimpsestes où se réinscrit sans cesse le jeu brouillé de l’identité et de la relation (…) L’espace du non-lieu ne crée ni identité singulière, ni relation, mais solitude et similitude. … »

L’autoroute est un non-lieu. Un endroit où nous ne faisons que transiter. Il n’a aucune vocation identitaire.

Lorsque nous entrons sur l’autoroute, notre environnement, nos repères habituels disparaissent. Quelle que soit la durée de notre parcours, notre esprit se concentre sur ce long ruban de bitume.

Pendant ce laps de temps, nous oublions que cette toile routière qui sillonne notre pays est bien réelle.

Que cela soit historique ou que cela suive l’augmentation de la densité urbaine, ce réseau longe ou traverse des zones habitées. La plupart de ces habitations nous sont cachées par de haut murs, ou d’épais talus. Les protégeant en partie de nos nuisances, nous protégeant de leur existence.

Pour autant, il existe des cas particuliers.

Des maisons qui sont autant d’intersections entre humanité et non-lieu. Des lieux où l’Homme a choisi de continuer à vivre.

Ce sont ces maisons, « témoins » de notre humanité, de notre identité que j’ai photographiées. Frontalement, de manière statique. Par opposition à la non-identité et à la mobilité que nous impose l’autoroute.

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