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Regardez voir : Sarah Moon

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Chaque semaine, L’Œil de la Photographie vous présentera l’émission radiophonique Regardez voir, produite par Brigitte Patient sur France Inter. Pour cette première fois, retour sur l’entretien avec la photographe Sarah Moon. Sarah a accompagné le projet photographique de femmes en situation de grande précarité ou d’exclusion, aux côtés de l’association 100 voix. De ces rencontres sont nées une exposition, L’une et l’autre, et des Carnets de route. Quand images et mots partent à la reconquête de l’estime de soi.

Eléments de biographie

Née en 1941 à Vichy dans une famille juive, Sarah Moon doit quitter la France occupée et rejoint l’Angleterre, où elle étudie le dessin dans une école d’art. Entre 1960 et 1966, elle exerce le métier de mannequin professionnel et pénètre ainsi les coulisses de la mode. Sa renommée internationale débute en 1967, année de sa collaboration avec Cacharel. Elle commence à prendre des photographies en 1970. Des photos qu’elle compose alors émane une douceur pastel, faite de grain et de demi-teintes, qui sera sa marque de fabrique. En 1968, les books qu’elle réalise pour ses amies modèles retiennent l’attention de Robert Delpire, déjà éditeur de Robert Frank et de Henri Cartier-Bresson, qui deviendra son compagnon. Dès lors, sa production photographique fera l’objet de parutions dans de nombreux magazines. Ses images prises dans des lieux incertains à une époque incertaine lui valent éloges et récompenses à Paris comme à Londres, New York ou Tokyo.
En 1985, la disparition de son assistant et ami Mike Yavel est un grand choc. Ce sera aussi un tournant dans sa carrière, puisqu’elle ne photographiera plus que pour elle-même : des photos sans commande, pour rien.
En 1990  elle réalise  avec Mississipi One son premier long-métrage, qu’elle qualifie elle-même de « conte de fées empoisonné ». Parallèlement, elle poursuit son travail de photographe et expose aux Rencontres photographiques d’Arles en 1994.
En 1995, une rétrospective de son travail a lieu au Centre Nnational de la photographie de Paris, et elle réalise Henri-Cartier Bresson, point d’interrogation.
En 2002, elle expose au Musée d’art contemporain de Kyoto.

« Le travail de Sarah Moon est un classique : référence dans l’histoire de la photographie de mode, elle a cependant créé un style et un univers qui dépassent les seuls territoires de la photographie appliquée. Elle est simplement une artiste dont l’œuvre parle tout autant de la beauté que de la disparition… La photographie de Sarah Moon est proche des contes et de l’enfance : un émerveillement du monde toujours menacé par la perte… » — Didier Brousse.


L’exposition

L’une et l’autre présente le travail de femmes qui sont parties à la recherche d’elles-mêmes. Elles ont en commun d’avoir eu à faire à une période de leur vie à plus fort qu’elles : la maladie, la souffrance insurmontable de la disparition d’une mère, d’un père ou d’un enfant, la trahison d’un être cher, les coups de parents à la dérive, la violence conjugale, le viol, l’exil, la détention. 
Elles en sont sorties brisées et envahies par une meute de sentiments acharnée à les dépouiller de leur singularité. La perte de la confiance en soi s’est agrégée à celle de la confiance en l’autre, la fierté a abandonné la place pour la honte, le désarroi et le doute ont contribué à l’avènement d’un sentiment d’impuissance et de résignation. Toutes, un jour ou l’autre, ont connu la rue, non pas comme une artère qui donne un sens aux vies mais comme une prison à ciel ouvert dont on ne s’échappe pas et d’où le cours du temps s’est à tout jamais tari.    
La réappropriation de l’image de soi est un enjeu décisif pour toute personne se trouvant en situation de grande précarité ou d’exclusion. 
L’une et l’autre porte en elle le témoignage du pouvoir de la photo à modifier le regard sur soi et sur le monde de celui qui photographie. C’est aussi une leçon de vie.
Le 8 mars 2013, l’exposition L’une et l’autre présentait les premiers travaux photographiques des participantes aux ateliers de récits photographiques animés par 100 Voix ! Deux ans après paraît un objet unique tiré à 500 exemplaires des douze premiers numéros de la collection des Carnets de route. La galerie Fait & Cause expose leurs auteures. Dirigés par Sarah Moon et José Chidlovsky, ces ateliers sont ouverts aux victimes de l’exclusion accueillies par l’association Aurore. Tantôt l’une, tantôt l’autre, ces femmes blessées se réapproprient leur identité au fil de l’élaboration de leurs récits dont l’authenticité se révèle dans chacune de leurs photographies.

L’une et l’autre / Carnets de route
Photographies des ateliers dirigés par Sarah Moon et José Chidlovsky
du 10 mars au 25 avril 2015
58, rue Quincampoix
75004 Paris

Livres
Depuis ses tout débuts, Sarah Moon n’a cessé de dire la fugacité de la beauté et la fragilité des illusions. Dans un style tout de délicatesse et d’invention, elle a signé quelques-unes des campagnes de publicité les plus créatives de ces dernières années, a fait les couvertures et les bonnes pages des plus importants magazines illustrés. Couronnée par le Grand prix national de la photographie, elle a aujourd’hui une œuvre très diversifiée que le cinéma vient encore enrichir.

Sarah Moon
Photo Poche n°78
Juillet 2005
12,5 x 19 cm
144 pages
ISBN 978-2-7427-5781-7
Prix indicatif : 13 €

 


INFORMATIONS
Emission Regardez voir, de Brigitte Patient,
le jeudi à 23 h 15 sur France Inter,
en partenariat avec L’Œil de la Photographie.

www.franceinter.fr/emission-regardez-voir

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