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Regardez voir : Grégoire Korganow

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Chaque semaine, L’Œil de la Photographie vous présente l’émission radiophonique Regardez voir, produite par Brigitte Patient sur France Inter. Cette semaine, retour sur l’entretien avec le photographe Grégoire Korganow. Grégoire Korganow est un photographe engagé dans le réel, il prend le parti des opprimés, des invisibles  et tente de donner à ressentir leur condition.

Grégoire Korganow conçoit ses images comme une invitation à regarder les failles, les apories, les désordres contemporains. Il s’intéresse au hors champ, à l’infime. Le corps, ses stigmates et ses métamorphoses sociales occupent une place centrale dans son œuvre.

Eléments de biographie
Diplômé des Arts appliqués à l’école Estienne à Paris, Grégoire Korganow débute la photographie à 23 ans. En 1991, il part suivre les mutations de l’ancien bloc soviétique. Ce voyage initiatique scelle sa vocation et donne lieu à sa première exposition. En 1993, Libération publie ses images des émeutes de la Goutte d’or à Paris. C’est le début d’une collaboration qui dure plus de 10 ans. Cette visibilité lui donne accès à des publications dans de nombreux titres français et étrangers. Il devient membre de l’agence Métis dès 1998, puis de Rapho en 2002. Il alterne séries personnelles ettravaux de commande. Photographe engagé dans le réel, il prend le parti des opprimés, des invisibles — les mal-logés (1994), les sans-papiers (1995), les indiens Mapuche du Chili (Révoltes, 2003), les victimes irakiennes (Gueules cassées, 2010), les alcooliques (2011)… —, et tente de donner à ressentir leur condition.

Attiré par le hors champ, il photographie les coulisses de l’élection présidentielle de 2002, des tournages de films X (Hardcorps, 2003) ou de défilés de mode (Coulisses, de 2002 à 2008). Voyageur, il sillonne la Patagonie sur les traces des écrivains Luis Sepulveda et Francisco Coloane, et Patagonie, histoires du bout du monde est publié aux éditions Solar (2003). Il déambule dans les rues de Tokyo en quête de rencontres improbables et crée Lost in Tokyo en 2005. Christian Lacroix l’invite aux Rencontres photographiques d’Arles en 2008 avec Coulisses et A côté, un travail sur la vie chaotique des familles de détenus. Parallèlement, il réalise des portraits de pères avec leur fils, un travail intime sur le temps, l’hérédité, la fragilité des corps. Père et fils est exposé depuis 2010 en France et à l’international.

Expositions

Prisons
Entre 2011 et 2014, Grégoire Korganow réalise, en qualité de contrôleur des lieux de privation de liberté, Prisons, une série sur l’enfermement en France.

L’exposition visible à la MEP présente une centaine de photographies et montre pour la première fois ce travail réalisé dans une vingtaine de prisons françaises. Sans pathos et loin de l’aspect anecdotique de l’histoire personnelle, c’est un travail à la fois sensoriel et très précis sur l’enfermement.

Pères et fils
« Je photographie des pères, de 20 à 80 ans, debout, torse nu, avec leur fils — de quelques minutes pour les plus jeunes ou dans la cinquantaine pour les plus âgés. Ils sont proches, souvent peau contre peau. C’est sans doute l’arrivée de mon fils dans ma vie qui m’a donné envie de ces portraits. Il s’appelle Marco. Sa peau est noire. Il est né au Rwanda. Je me souviens de l’enthousiasme d’un ami : “C’est fou ce qu’il te ressemble !” Vraiment ? Et moi ? Est-ce que je ressemble à mon père ? Et tous ces fils que j’ai photographiés ressemblent-ils à leur père ? En regardant ces portraits, on recherche les ressemblances. On scrute les traits du visage, on compare les gestes, les attitudes. On imagine une histoire. On tente de percer le mystère de la relation. La nudité des corps jette le trouble, brouille un peu les pistes. La fragilité, la tendresse sont-elles taboues ? »

Prisons et Père et fils
de Grégoire Korganow
Jusqu’au 5 avril 2015

Maison européenne de la photographie
5/7, rue de Fourcy
75004 Paris

LIVRE
Au 1er janvier 2014, la France comptait 67 065 détenus incarcérés, répartis dans 191 prisons, pour une capacité d’hébergement d’un peu plus de 57 000 places. En 2013, la durée moyenne de détention était de 11,5 mois.
Comment photographier la prison ? Comment restituer en image l’enfermement, la contrainte, la séparation, l’arbitraire ? Au-delà des barreaux, des cellules exiguës et sombres, des couloirs interminables, des cours de promenade austères, la réalité de la prison relève de la sensation : odeurs, bruit permanent, monotonie, ennui, violence…
La prison nourrit le fantasme. Parfois la réalité est plus banale qu’on ne l’imagine. L’horreur de l’incarcération se joue sur d’infimes petites choses, transformant le quotidien en cauchemar : les portes fermées des cellules en permanence, la solitude, la peur de la promenade où tout peut arriver, le temps passé à ne rien faire, des journées, des semaines, des mois vides. C’est cette réalité de l’enfermement que Grégoire Korganow photographie, loin des clichés, des images chocs. Il veux saisir l’indicible, le temps qui s’arrête, la vie qui rétrécit, qui s’efface.

Prisons
de Grégoire Korganow

Editions Neus, Les belles lettres
Livre relié
432 pages
ISBN: 979-10-92388-05-3

 


INFORMATIONS
Emission Regardez voir, de Brigitte Patient
Le jeudi à 23h15 sur France Inter.
En partenariat avec L’Œil de la Photographie
http://www.franceinter.fr/emission-regardez-voir

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