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Sète 2015 : ImageSingulières

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Le mistral, largement décoiffant, était au rendez-vous et a chassé la pluie qui, ces dernières années, avait souvent perturbé Images Singulières. Le public, lui aussi, était au rendez-vous d’un grand week end fait pour lui et où tout est gratuit. Majoritairement local – ou régional -, preuve de l’implantation du festival qui mobilise un nombre impressionnant de volontaires sur tous les postes, du bistrot à l’accueil et des accrochages à la médiation, il a, trois soirs de suite, rempli jusqu’à le faire déborder le magnifique chais à l’architecture Eiffel, magnifiquement restauré, où avaient lieu cette année les projections. Un peu moins au rendez-vous, c’est une litote, les politiques, à commencer par les représentants introuvables de la région suivis de peu par un sénateur maire revenu tard le dernier soir n’ont fait que nourrir les inquiétudes d’une équipe aussi enthousiaste que déroutée par les nuages qui planent sur son avenir.

Baisses de budget, désengagement au niveau de la communication de la municipalité, absence des navettes et du petit train de la ville qui convoyaient les festivaliers du centre vers les chaix le long du canal, autant de signes qui, fatigue aidant, ne peuvent être interprétés que négativement. D’autant que l’association CétAvoir, organisatrice de la manifestation, a appris par la presse qu’elle allait devoir quitter le collège dans lequel elle est installée et où elle anime de nombreuses activités à l’année. Il a été loué pour 99 ans à une institution religieuse qui va y installer un collège privé. Ni les artistes qui ont là leurs ateliers ni les photophiles ne savent, même si le maire se veut rassurant, où ils devront être installés au 1er janvier prochain. Et l’on s’interroge sur le sens de l’énigmatique adresse lancée à la fin de la dernière projection par Gilles Favier, directeur artistique du festival : « A l’année prochaine. Ailleurs, peut-être… ».

Pourtant ni les hommages aux amis disparus ( les photographes Michel Vanden Eeckhoudt et Lars Tunbjork, le DJ Rémy Kolpa Kopoul, habitué de cette fête sétoise qui, dix jours avant sa date a fait la sale blague de partir mixer dans un paradis que l’on imagine teinté de sonorités brésiliennes et africaines ) ni les doutes pour l’avenir n’ont terni l’ambiance toujours aussi conviviale, chaleureuse, amicale qui préside à un festival où l’on peut sans manière croiser, rencontrer, aborder les photographes.

Si un festival est fait de rencontres, il lui faut aussi des découvertes, des surprises. Et c’est toujours le cas à Sète où le questionnement de l’image documentaire et de sa fonction aujourd’hui traverse toujours la programmation. Les rapprochements de styles presque antagoniques pour interroger la notion de frontière aussi bien que la place accordée – amicalement – à une photographie chilienne qui se cherche encore après les années noires comportent de belles surprises et de multiples questions. Sur la forme, le sens, la narration, l’engagement. Sur les multiples de la photographie aujourd’hui. Et c’est ce que l’on retrouve dans le grand projet « La France vue d’Ici » développé avec Mediapart ou dans le rapprochement des travaux d’Edward Curtis, Jérôme Brézillon et Stéphane Lavoué aux Etats-Unis.

Point trop de certitudes – à part l’exigence dans la présentation et le respect des auteurs-, des enthousiasmes et des envies, de la curiosité et des prises de risque, c’est peut-être cela qui domine, au final. Comme dans le travail en résidence de Bieke Depoorter sur la ville qui s’expose à la Chapelle du quartier haut. La nuit, dans une lumière dorée, une petite fille seule, en pyjama, regarde la photographe. Image aussi magique qu’énigmatique. Un peu comme ce festival qui ne ressemble à aucun autre.

 

Christian Caujolle

FESTIVAL
Image Singulières
13 – 31 Mai 2015
Sète
France

http://www.imagesingulieres.com

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