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Sandra Hoyn : Jenny’s Soul

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Cette année, L’Oeil de la Photographie partenaire du festival des Nuits Photographiques a remis le Prix Spécial à la jeune photographe allemandeSandra Hoyn pour son reportage intitulé Jenny’s Soul. Nous avions déjà publié son reportage en mars dernier, dans le cadre du 7ème Festival Photo de Yangon. Ce sujet présenté sour la forme de film photographique donne une nouvelle dimension à ce travail étonnant. Nous vous proposons de découvrir, ou redécouvrir pour certains, le film primé Jenny’s Soul, accompagné de l’interview de la lauréate.

Jenny’s Saoul / Sandra Hoyn from Les Nuits Photographiques on Vimeo.

L’Oeil de la Photographie : Comment avez-vous rencontré Dirk ? Pourquoi vous êtes vous intéressé à son histoire ?

Sandra Hoyn : Au début, j’ai vu un très mauvais documentaire télé sur le sujet. Ensuite j’ai fait une recherche Google sur les poupées de silicone et j’ai trouvé un magasin qui vend ces poupées en Allemagne et un forum internet. Je voulais comprendre ce dont une personne a besoin pour se sentir aimée. J’ai rencontré Dirk et sa poupée de silicone Jenny sur un forum Internet en Octobre 2014 et je leur ai rendu visite chez eux.


ODLP : Qu’avez vous découvert au contact de Dirk et de son histoire si particulière ?

S. H. : Ce qui m’a étonnée c’est la facilité d’accès à son univers. J’ai résidé une semaine dans la ville où il habite et j’ai pris des photos pendant seulement trois jours. Et ce qui m’a surprise c’est que j’ai si vite accepté Jenny comme sa partenaire. Au début, je craignais même que Jenny ne m’aime pas et ne m’autorise pas à prendre des photos. Dirk marchait de long en large dans son appartement en riant et en lui répondant sans arrêt. Je n’y comprenais rien. J’étais pleine d’incertitude, parce que Dirk est le seul à pouvoir communiquer avec son âme, moi j’en suis incapable.
Un jour, dans l’après-midi, alors que Dirk mettait Jenny au lit parce qu’elle avait besoin d’une sieste, je suis passée par le salon sur la pointe des pieds et j’ai chuchoté en parlant à Dirk, de peur de la réveiller. Après, je me suis dit qu’est ce qui m’arrive? J’ai été surprise de la vitesse à laquelle je me suis adaptée à la situation.
Parfois, je me retrouve en train de défendre Dirk. Les gens ne comprennent pas. Même moi, je ne peux pas comprendre complètement, mais je l’accepte.
Au départ Dirk a décidé d’acheter Jenny parce qu’il souffrait d’une dépression et se sentait très seul. Jenny est sa source de réconfort, sa thérapeute, sa compagne de tous les instants. Il est heureux maintenant. En ce moment, il ne veut aucune autre femme.

ODLP : Comment avez-vous abordé ce reportage photographiquement ?

S. H. : Dirk a eu de mauvaises expériences avec les médias. Au début, il était prudent. Quand il a compris que je ne le condamne pas comme un monstre, il s’est montré ouvert et honnête. Il souhaite que ce type de situation reçoive plus de publicité, que cela soit un peu normalisé. Dirk réfléchit constamment à la façon dont cela pourrait se produire. Les poupées ont-elles vraiment une âme, ou a-t-il perdu la raison et tout ne se passe-t–il que dans sa tête?
Dirk a été très ouvert avec moi, je ne m’y attendais pas. Il m’aimait bien, mais parfois il se sentait mal à l’aise parce qu’il n‘aimait pas que moi, une étrangère, j’apporte beaucoup de turbulence dans son appartement. Depuis sa dépression, il aime le silence qui règne avec Jenny. Dirk a besoin de beaucoup de repos à cause de sa dépression. Il suit une stricte routine quotidienne avec Jenny, et je les ai parfois dérangés. Il m’était très difficile d’être patiente.
Je n’ai pas eu la permission de montrer le visage de Dirk. Je craignais de les exposer avec mes photos. En effet, en e qui concerne ce sujet particulier, il est trop facile de prendre des photos bizarres. Le plus grand défi était de prendre des photos de Dirk et de Jenny sur un pied d’égalité, de ne pas voir la poupée comme une poupée, mais de reconnaître ce que cet homme voit et aime en elle. Parce que je ne pouvais pas montrer le visage de Dirk, je devais faire attention à ce que Jenny n’apparaisse pas trop souvent dans la série. J’ai fait ma sélection de photos avec lui, je voulais faire en sorte que Dirk soit d’accord avec tout, qu’il se sente à l’aise avec mes photos.
ODLP : Pourquoi avoir choisi la forme de film photographique pour présenter cette série ? Pensez-vous que ce format donne une force et une résonance particulière à votre sujet ?

S. H. : Oui. Quand les gens voient juste des images individuelles sans explications, ils portent peut-être un jugement trop rapide. Quand ils regardent un film photographique, ils ont plus de temps pour apprendre à connaître le contexte. Photos, musique et texte, ensemble, peuvent mieux rendre une atmosphère.

 

FESTIVAL
5ème édition des Nuits Photographiques
Du 17 septembre au 12 décembre 2015
Soirées de projections : les 17, 18 et 19 septembre 2015

Pavillon Carré de Baudouin
121 Rue de Ménilmontant
75020 Paris
France

http://lesnuitsphotographiques.com

http://www.sandrahoyn.de

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