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Photographier les jardins de Monet :

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Le Musée des impressionnismes de Giverny présente depuis le 31 juillet « Photographier les jardins de Monet« , une exposition qui regroupe cinq regards contemporains sur les jardins du célèbre impressionniste français. Elger Esser,Stephen Shore, Bernard Plossu, Darren Almond et Henri Foucault se réunissent pour offrir une lecture contemporaine, plurielle, et résolument nouvelle, de ce haut lieu du tourisme qui fut pour le maître de l’impressionnisme le motif essentiel de sa peinture durant les vingt-cinq dernières années de sa vie.

Claude Monet s’installa à Giverny en 1883. Il avait 43 ans. Sept ans plus tard, il acheta la maison et le jardin qu’il aménagea à son goût, et, quelques années plus tard, fit creuser un bassin aux nymphéas de l’autre côté de la route. « Il n’est pas besoin de savoir comment il fit son jardin. Il est bien certain qu’il le fit tel que son oeil le commanda successivement, aux invitations de chaque journée, pour la satisfaction de ses appétits de couleurs » , écrivit son ami et biographe Georges Clemenceau.

De 1977 à 1982, l’Américain Stephen Shore, commandité par le Metropolitan Museum of Art de New York, photographia la résurrection du jardin de Monet. Ses tirages sont exposés pour la première fois en France.

De 2010 à 2015, carte blanche a été donnée à Darren Almond, Henri Foucault, Elger Esser et Bernard Plossu qui se sont approprié le jardin du peintre. Ils ont arpenté, contemplé, étudié, de jour comme de nuit, en hiver, au printemps, en été ou en automne, la magie du lieu, ses beautés éphémères, sans cesse réinventées. Source d’inspiration, le jardin a représenté un espace d’expérimentation.

Cette exposition offre au public des images qui interrogent la notion de paysage et de nature, leurs liens avec l’histoire de l’art et les tout débuts du médium photographique. Qu’elles soient subjectives, fictionnelles ou documentaires, elles se confrontent à l’expérience du temps, de la durée, de la mémoire. Des correspondances se créent entre le passé et le présent, évoquant l’idée d’un paradis perdu.

Elger Esser, la nuit pour mémoire

En 2010, sur une proposition de Didier Mouchel, directeur du Pôle Image Haute-Normandie à Rouen, Elger Esser s’est rendu à Giverny et a réalisé plusieurs séries intitulées Nocturnes à Giverny. Paysagiste inspiré par la peinture et la littérature du XIXe siècle et du début du XXe siècle, cet ancien élève de Bernd Becher a choisi la lenteur des nuits de pleine lune et le crépuscule pour photographier « l’absence de Monet ». De mars à juillet 2010, il a installé ses deux chambres photographiques dans le jardin d’eau et, par de longs temps de pose, a enregistré le passage de la lumière. Nocturnes à Giverny évoque par son titre à la fois le silence de la nuit et la musique romantique. La série Combray (Giverny I-V), nom donné au village d’Illiers par le narrateur d’À la recherche du temps perdu, convoque l’imaginaire. L’héliogravure, procédé contemporain de Monet, permet d’obtenir des tirages d’une très grande finesse dans les variations de gris. Imprimées aux couleurs de la nuit, ces images sont une métaphore de la mémoire et de l’absence.

Stephen Shore, documenter le jardin de Monet

Stephen Shore a séjourné à trois reprises à Giverny. La première fois en 1977, au tout début de la restauration du domaine, puis à l’automne 1981 et au printemps 1982. Grand coloriste, célèbre pour ses photographies de scènes de la vie ordinaire en rupture avec l’esthétique de la belle image prônée jusque dans les années 1970, il a dû faire face « à la beauté intrinsèque du lieu et à un jardin de peintre que Monet a structuré dans l’intérêt de sa peinture ». Avec une chambre 8×10 pouces, le photographe américain a enregistré avec une extrême précision et dans un style purement documentaire les différentes facettes du jardin dans sa renaissance. Par des plans rapprochés et des points de vue inédits, il livre des images dont la neutralité apparente permet d’imaginer ce jardin dans les années 1880, avant qu’il ne devienne le modèle privilégié du peintre.

Bernard Plossu, un jardin intime « C’est l’hiver.

Personne. Pas une fleur. Exactement ce dont je rêvais : découvrir l’ossature du jardin et pas son éclat ! » Photographe de l’entre-deux, des paysages intermédiaires, Bernard Plossu a réalisé sa première série photographique de la maison et des jardins de Monet au cours de l’hiver 2010, à l’initiative du Frac Haute-Normandie. Il y est revenu au printemps 2011, invité par le musée des impressionnismes Giverny qui a exposé ses photographies l’année suivante. Guidé par son regard et sa sensibilité, Plossu opère dans l’instantané : une fleur solitaire, une couleur, une feuille morte, une allée dérobée, un reflet. Revisitant l’esthétique pictorialiste du début du XXe siècle, le photographe restitue dans ses tirages au charbon Fresson, la présence/absence du peintre dans son jardin qu’il aimait tant, traduisant sur la toile la lumière et les ondulations, en touches infinies, du bassin aux nymphéas, son chef-d’oeuvre.

Darren Almond, des images colorées par la nuit

En 2011 et 2012, l’Anglais Darren Almond a photographié le jardin de Claude Monet les nuits de pleine lune (Fullmoon Impression) et à l’aube (Civil Dawn), ce moment magique qui précède l’apparition de l’astre solaire à l’horizon. Douées d’une puissante aura poétique, ses images sont fondées sur une expérience du temps et de la mémoire. Voyageur, explorateur, paysagiste, photographe et vidéaste, Darren Almond poursuit ses pèlerinages en terres d’artistes (de Joseph Mallord William Turner à John Constable, de Caspar David Friedrich à Paul Cézanne) qui l’ont amené, au détour d’une exposition monographique en Normandie, chez Claude Monet. Là, avec lenteur, et pour donner « plus de temps au paysage de s’exprimer », il a capté les couleurs étranges et délicates des fleurs suspendues à la lumière de l’aube.

Henri Foucault, interpréter la lumière

Invité en 2011 par le musée des impressionnismes Giverny, le photographe, vidéaste et sculpteur Henri Foucault s’est livré, à partir d’un long travail documentaire, à une interprétation et une évocation du jardin d’eau de Monet. Henri Foucault a recueilli, auprès des jardiniers de la propriété, des plantes et des feuilles, dont il a réalisé une série de photogrammes qu’il a intitulée Vibrations. Ces empreintes de l’ombre et de la lumière, dont le procédé remonte aux premiers temps de la photographie, relèvent, selon l’auteur, de l’ordre de la révélation. Puis, sur de grandes feuilles de papier photographique, il a imaginé des formes, inspirées de ses dessins et photogrammes, qu’il a recouvertes de milliers de cristaux Swarovski. Intitulée Green Light, l’oeuvre formée de seize panneaux lumineux n’est ni une sculpture ni une photographie, à l’instar de Deep Blue, dont les scintillements ondulatoires traduisent les sensations d’un autre temps, celui de la perception.
EXPOSITION
Photographier les jardins de Monet
Cinq regards contemporains
Du 13 juillet au 1er novembre 2015
Musée des impressionnismes Giverny
99 rue Claude Monet BP 18
27620 Giverny
France
T : 33 (0) 232 51 94 65
F : 33 (0) 232 51 94 67
[email protected]
http://www.mdig.fr

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