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Bénédicte Desrus : Les femmes de la Casa Xochiquetzal

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Casa Xochiquetzal est un abri comme nul autre au monde, un endroit où les femmes trouvent un lieu de vie dans leur vieillesse, après avoir survécu dans la rue en tant que travailleuses du sexe. Certaines y travaillent encore.

Avec ses portes ouvertes et ses règles faciles à suivre, la maison de Mexico offre un abri, de la nourriture et un éventail complet de soins, tout en encourageant une participation communautaire de celles qui y vivent. C’est une tentative pour donner  paix et dignité à des personnes âgées, conçue pour un segment socialement invisible. Sa création seule a montré avec évidence combien peu de gens, y compris les résidantes elles-mêmes, n’avaient jamais pensé à ce qui se passe lorsque les femmes dans l’industrie du sexe vieillissent. La rue, autrefois leur « showroom » , devenait alors leur dernier recours.

Inauguré en Février 2006, le refuge, situé au centre-ville entre les quartiers de La Merced et Tepito, résulte d’un effort conjoint de l’administration municipale de Mexico, qui prête les locaux et fournit la nourriture, et d’un groupe d’intellectuelles et d’artistes qui, motivées par la cas d’une travailleuse du sexe, ont créé une ONG qui reçoit des dons du public pour fournir le reste des nécessités. Cette organisation permet un fonctionnement continu de Casa Xochiquetzal.

Depuis les débuts du projet (six ans), plus de deux cent cinquante femmes ont reçu de l’aide. Au départ, Casa Xochiquetzal admettait uniquement les femmes âgées de plus de soixante ans, mais par la suite il est devenu nécessaire d’abaisser l’âge minimum. Il y a actuellement dix sept résidantes entre 55 et 80 ans.

Pour ces femmes, la vie de famille était devenue si limitée qu’elles avaient décidé de faire leur chemin seules dans le monde. Ce ne sont pas seulement des hommes qui ont subvenu à leurs besoins, même si ce fut parfois le cas, elles aussi étaient en mesure de se débrouiller seules – du moins à l’époque.

Vivre sous le même toit n’a pas été facile. Un bon nombre de femmes se connaissaient depuis des années, soit dans les rues, soit sur les places de San Sebastián ou San Fernando, mais à l’époque elles se disputaient les clients. Pourtant, peu à peu, une coexistence s’est instaurée. Cela s’est fait par le biais d’ateliers ou d’activités, ou l’attribution de rôles définis pour nettoyer la salle de bain ou faire la cuisine. Chacune fait quelque chose pour toutes, et chacune a le sentiment de faire partie d’une communauté. Ce sont les femmes de Casa Xochiquetzal, et Casa Xochiquetzal leur appartient.

Dans le cadre de notre travail de journalisme d’enquête, nous avons pendant plus de cinq ans créé une documentation photographique éloquente de la vie de ces femmes. Plus tard, nous leur avons parlé et les avons interviewées. Nous avons recueilli leurs histoires ; bien souvent, ces récits commencent par la fuite du domicile familial en raison de violences sexuelles de la part de parents, d’amis et parfois même de leurs mères.

Les témoignages sont disponibles dans la version anglaise de L’Oeil de la Photographie.

 

Voir un extrait du livre:
http://issuu.com/lasamorosasmasbravas/
Pour recevoir les informations sur l’achat du livre « Tough Love » (disponible en espagnol et en anglais): [email protected].
Une partie des bénéfices de la vente du livre est reversée à « Casa Xochiquetzal »

 

Texte de Celia Gómez Ramos
Photographies de Bénédicte Desrus
http://benedictedesrus.photoshelter.com

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