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16e China International Photographic Art Festival

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La Chine déborde de festivals de photographie – certains avancent des chiffres comme 400 événements par an. Si le niveau de ces manifestations est parfois douteux, ce boom n’en prouve pas moins la volonté de la part de la scène artistique chinoise d’inclure le médium dans les discussions contemporaines.

Sous la direction artistique exécutive de Nicolas Havette, le China International Photographic Art Festival de Zhengzhou (CIPAFE) met la barre un cran plus haut. Loin de se plier à la dictature du marché international qui tend trop souvent à enfermer la création contemporaine locale dans une hypermanipulation de l’image, le festival propose une programmation retraçant l’histoire de la photographie chinoise, depuis les archives aux notes propagandistes de l’industrialisation de Zhengzhou dans les années 40, jusqu’aux méditations quotidiennes et poétiques du jeune Song Hao Ran. Le tout est complété par une sélection à la fois étonnante et pointue de travaux étrangers, dont la plus décapante est une conférence sur la nouvelle photographie documentaire birmane présentée par Christophe Lovigny.

Dans Shengda, l’imposant bâtiment qui devient en Chine le premier espace public dédié entièrement à la photographie – le premier d’une série de lieux qui seront inaugurés dans les prochains mois et seront placés sous la direction, entre autres, de Xu Zhi Qiang, aussi commissaire général du CIPAFE – sont présentés les choix artistiques les plus engagés. Et ce, dans un contexte local encore très largement conservateur, rejetant le flou, l’accrochage décousu à la Wolfgang Tillmans ou le cadrage déconstruit. Chaque exposition a sa scénographie dédiée, son type d’impression et son format, jusqu’à la photographie virtuelle de TTY.

Présentées comme un mémorial aux enfants de la Révolution, les photographies  historiques de ces bambins armés sont installées au sol sur des stèles horizontales et entourées de fleurs. Plus informelle encore est la scénographie à l’étage. « C’est absurde », annonce le texte introductif de Jean-Christian Bourcart sur sa série réalisée à Camden, New Jersey,  « j’ai juste cherché sur le Web la ville la plus dangereuse des États-Unis. Je voulais retrouver cette étrange énergie qui se dégage des lieux où les règles et les contraintes sociales sont abolies ou affaiblies. […] Je voulais m’assurer qu’il est encore possible d’aller vers les autres, si éloignés, si étrangers qu’ils nous paraissent.” Et de fait, de l’extérieur, sur le parking du Camden Rescue Mission, on se rapproche peu à peu des habitants de cette cité déglinguée jusqu’à pénétrer chez eux ou dans leurs squats délabrés. L’exposition suit cette progression, parsemée des textes du photographe racontant ce que les images ne peuvent pas dire de ses rencontres, et conclut par une vidéo mettant le spectateur directement face à quelques indociles.

La vidéo est d’ailleurs à l’honneur dans le festival à travers une programmation de quelques films photographiques – montages de quelques minutes proposant une nouvelle narration pour l’image fixe. Du documentaire de Pablo Ernesto Piovano sur les conséquences des expérimentations agricoles sur la population argentine à l’animation délurée de Robin Lopvet sur la transformation du paysage, la sélection s’attache à démontrer les possibilités de ce support encore trop peu exploité.

La méthodologie pédagogique et esthétique du festival est claire. Il s’agit de couvrir le champ des écritures pour inspirer une appropriation du médium par la jeune génération.On commence par les classiques, avec notamment le photojournaliste brésilien Evandro Teixeira qui retrace en noir et blanc les événements marquants de son pays et le photographe chinois Zhu Xiamin, dont les « images-monuments », pour reprendre les mots de Nicolas Havette, se partagent entre documentaire et propagande. Et on termine avec les avant-gardistes, en présentant tout ce qui se trouve entre les deux. En mettant une partie des expositions en extérieur, sur des cubes de deux mètres aménagés le long d’une promenade populaire en bord de lac, le festival confirme sa volonté de stimuler la créativité photographique.

INFORMATIONS
16e China International Photographic Art Festival
Du 25 mai au 26 juin 2016
Zhengzhou
Chine
http://www.cipafe.com

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