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Entretien avec Michael Kahn, photographe de nature

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Michael Kahn est un photographe de renom passionné par la nature et les thèmes nautiques. Fasciné aussi bien par la voile que la photographie, il finit par réunir ses deux intérêts  en 1995, lors de vacances au bord d’un lac dans les montagnes de l’Adirondack (dans l’état de New York, aux États-Unis), quand il voit un magnifique bateau qu’il s’est senti obligé d’immortaliser.

Kahn ne se limite pas aux grands navires construits de main d’homme et aux yachts de prestige, mais s’intéresse aussi à certains métiers artisanaux, modestes mais pleins d’élégance, ainsi qu’à la beauté des atmosphères de la nature. Kahn utilise en général un appareil photo moyen format datant des années 1950. Il tire minutieusement ses images sépia aux tonalités chaudes à la main avec un procédé perfectionné durant ses nombreuses années de recherche en chambre noire. Rencontre.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans la photographie et qu’est-ce qui vous pousse à continuer ? 

Quand j’avais 13 ans, ma mère m’a donné un appareil photo 35 mm argentique. À l’école, j’ai appris la photographie noir et blanc et le tirage en chambre noire traditionnelle. Après le lycée, je suis immédiatement allé travailler dans un studio commercial. J’ai fait des publicités et des portraits, avant d’honorer des commandes comme photographe indépendant pour des magazines de loisirs.

D’où vient votre fascination pour les navires et les paysages maritimes ?

J’ai grandi en passant les vacances d’été au bord de la mer et depuis je suis attiré par l’océan et les bateaux. La mer a une telle dualité. Un jour, elle est calme, colorée et accueillante. Le lendemain, elle est sombre, grise et orageuse. Je trouve que toutes ces humeurs sont très stimulantes, et pourtant, en même temps, la franchise de ces paysages maritimes est relaxante. Depuis toujours, je suis épris de la mer. J’ai toujours nagé, fait de la voile, pêché et ramassé des coquillages et des dents de requins rejetés sur le sable. Je me suis caché dans les dunes et j’ai été émerveillé par les trésors révélés puis recouverts par l’eau et le vent. C’est cette constante évolution, ce changement perpétuel qui ne cessent de m’attirer vers l’eau. Héraclite a dit « on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve. » Je me rends compte que je ne fais plus qu’un avec l’océan : je suis calme quand il est calme, euphorique quand il est euphorique.

N’avez-vous jamais eu envie de capter la beauté de la mer autrement qu’en photographie ?

Quand j’ai appris à peindre, je représentais la mer avec des gros traits de peinture à l’huile ou d’acrylique. Très abstrait. Tout à fait le contraire de mon réalisme en photographie !

D’où vient votre don naturel pour la photographie ? 

De quarante ans de travail acharné ! Au studio de portrait où je travaillais après la fin de mon lycée, nous utilisions des modèles Hasselblads de base : des appareils suisses solides, robustes, avec de superbes objectifs allemands. Entièrement mécaniques, ils n’avaient pas de composantes électriques et utilisaient un film au format 6×6 cm. De temps en temps, nous nous servions d’appareils photo plus petits. Mais en développant les photos, je me suis tout de suis aperçu que les appareils de petite taille produisaient une image de qualité moindre. Les appareils plus grands, de 10 x 12 cm et 20 x 25 cm, produisaient des images de qualité supérieure, mais ils étaient lents et difficiles à manier sur le terrain. Plusieurs années après mes débuts au studio de portrait, le propriétaire a décidé de se concentrer sur les photos commerciales et de publicité.

Regardez-vous d’autres photographes ou artistes qui vous inspirent ?

J’ai étudié les maîtres modernes en noir et blanc : Ansel Adams pour les aspects techniques, Wynn Bullock pour les aspects créatifs et Rosenfeld pour ses photographies de voile.

Pensez-vous que votre travail a un rapport avec celui de photographes historiques tels que Gustav Le Gray ou les pictorialistes ?

Je suis heureux que vous me le demandiez, car jusqu’ici, je n’avais jamais entendu parler de Gustav Le Gray et son travail est magnifique. Oui, mon travail reflète de près ses photographies et je ne peux qu’espérer créer des œuvres d’art aussi belles que les siennes. C’est incroyable qu’il ait fait ces photos au milieu du XIXe siècle. Elles sont intemporelles.

Si vous n’étiez pas photographe, que seriez-vous ?

J’habiterais au bord de la mer et j’enseignerais le yoga et la voile, ou bien je serais pirate, pêcheur… ou un clodo sur la plage.

Qu’espérez-vous que les gens ressentent quand ils regardent vos photos ?

Un profond sentiment de calme et de sérénité. J’espère que les images les feront réfléchir et qu’alors ils comprendront que l’océan et la voile trouvent un écho dans leur être intime. Comme l’a écrit Pablo Neruda, « J’ai besoin de la mer parce qu’elle m’enseigne. »

Cet entretien fait partie d’une série réalisée par la Holden Luntz Gallery, une galerie basée à Palm Beach, en Floride.
Propos recueillis par Sara Tasini
 
Holden Luntz Gallery
332 Worth Ave, Palm Beach, FL 33480
Etats-Unis
 
http://www.holdenluntz.com/

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