Rechercher un article

Elliott Erwitt : « Je me cherche un nouveau passe-temps »

Preview

Le célèbre photographe documentaire Elliott Erwitt est né à Paris en 1928 et a passé son enfance à Milan avant de déménager aux États-Unis en 1939. Fils d’immigrants juifs russes, il vit alors à New York avant de faire ses études à l’école secondaire et au collège à Los Angeles. Pendant cette période, il se familiarise avec l’image dans un studio de photographie commerciale, puis étudie le cinéma et la photographie au Los Angeles City College.

En 1949, il retourne en Europe pour poursuivre sa pratique photographique et voyage à travers la France et l’Italie. En 1951, Erwitt est enrôlé dans l’armée américaine et profite de l’occasion pour photographier l’Europe, en particulier la France et l’Allemagne. Il revient finalement à New York où il s’installe et rencontre Robert Capa, Edward Steichen et Roy Stryker qui deviendront ses mentors. Stryker est alors directeur du département de photographie de la Farm Security Administration et engage Erwitt pour travailler sur un projet portant sur la Standard Oil. Elliott Erwitt commence alors une carrière de photographe pigiste, travaillant pour des publications telles que Life, Look et Collier’s. Robert Capa le fera plus tard entrer chez Magnum Photos et Erwitt sera également président de l’organisation pendant trois mandats à partir de 1968.

Elliott Erwitt est également un cinéaste accompli et un producteur. Il a réalisé plusieurs documentaires indépendants et produit dix-sept émissions pour HBO. Il a publié plus de vingt livres de photographie. Son travail figure dans les collections du MoMA de New York, du Smithsonian à Washington, de la Reina Sofia de Madrid et dans d’innombrables autres collections publiques et privées. 

Sara Tasini : Pensez-vous que vos voyages en France, en Italie et aux États-Unis ont influencé votre vision du monde et vos photographies ?

Elliott Erwitt: Bien sûr, cela a compté : les voyages, que ce soit dans ma vie privée ou professionnelle, continuent de m’influencer.

Si ce n’est pas à partir de ces premières expériences, alors d’où pensez-vous que vient votre sensibilité ?

La curiosité en générale en est le principe directeur.

Quand avez-vous réalisé que vos photos gagnaient en popularité ? Comment cela a-t-il affecté votre point de vue ?

Je photographie depuis très longtemps et ma perspective est inchangée depuis le début.

Qu’avez vous appris au cours de votre période chez Magnum Photos ?

Ne jamais renoncer à ses droits d’auteur.

En regardant votre illustre carrière, quelles sont vos périodes préférées ?

Les années 1960, qui représentent la meilleure période pour la photographie éditoriale, documentaire et de reportage.

Vous avez mentionné que vous trouvez la photographie « amateur » plus intéressante que la photographie professionnelle. Qu’est-ce qui la rend plus intéressante selon vous ?

Ne pas avoir à rendre de comptes à un client autre que soi-même.

Le style instantané de votre photographie est-il intentionnel ?

J’espère que tout ce que je fais en photographie est intentionnel et non aléatoire.

Vos images parlent-elles de votre propre identité ?

Mes images personnelles parlent de ce que j’observe. Mes images professionnelles sont calées sur ce qu’un client attend de moi et ce pour quoi il me paye.

Il est aujourd’hui rare de rencontrer une personne dont la carrière est liée à son passe-temps préféré. Vous sentez-vous chanceux ? Souhaitez-vous que les deux soient exclusifs?

Les deux sont très inclusifs et se rejoignent souvent.

Avez-vous d’autres passe-temps ?

Pas encore. Mais je m’en cherche un nouveau.

Y a-t-il eu un moment où vous avez douté de pouvoir vivre de vos photographies ?

Ma carrière a été fructueuse pour moi, mes quatre épouses et mes huit petits-enfants (jusqu’à présent).

Comment choisissez-vous les images que vous exposez ?

Avec les musées, le choix a beaucoup à voir avec l’espace, le type et la qualité du lieu. Naturellement, je sélectionne les images qui représentent le mieux mes intérêts et mon style.

Quels changements dans la photographie avez-vous observés au fil des années ?

Les seuls changements ont été en rapport avec le marché professionnel. Il n’y a aucun changement dans mon travail personnel, du moins ces 60 dernières années.

Comment la photographie vous a-t-elle captivé durant tant d’années ?

Parce qu’elle est essentiellement mon passe-temps et qu’elle m’a forcé à m’adapter aux changements inévitables dans ma vie et mon travail.

 

Cette interview fait partie d’une série menée par la Galerie Holden Luntz, basée à Palm Beach, en Floride.

Propos recueillis par Sara Tasini

Holden Luntz Gallery
332 Worth Ave
Palm Beach, FL 33480
Etats-Unis

http://www.holdenluntz.com/

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android