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Best of Janvier : Clément Chéroux prend la direction du département photo du SFMoMA

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Cette semaine, Clément Chéroux prend la direction du département photo du San Francisco Museum of Modern Art. Le rêve absolu : deux galeries de 1 200 mètres carrés dans un musée tout neuf. Un paradis pour ce Lyonnais de 46 ans qui a découvert sa passion pour la photographie en 1986 dans un train lors d’un trajet Lyon-Côte d’Azur. Un wagon de ce train avait été transformé en galerie photos et Pierre Molinier, Michel Journiac, Gilbert Gormezano et Pierre Minot y étaient exposés. Clément Chéroux a alors 16 ans. Séduit, il adhère à un photo-club et réalise ses premières images. Il sera l’un des premiers à suivre les cours de l’école d’Arles d’Alain Desvergnes, puis il y aura une année à Princeton, près de New York, quelques années à l’Université Paris 8 et, enfin ,Beaubourg où l’appelle Quentin Bajac en 2006.

Dix ans plus tard, il en a fait le tour. Récemment, il a passé deux mois invité par le Getty Museum à travailler sur les archives de Man Ray, l’occasion de découvrir la côte Ouest des Etats-Unis. Avec le San Francisco MoMA, il y a alors des échanges réguliers. Au cours d’un déjeuner, l’un des trustees du board du musée californien lui annonce que, s’il est intéressé, le département photo cherche un directeur. Clément est intéressé. Les musées américains ne se soucient guère d’appels d’offre aussi ridicules qu’inutiles. Vous êtes intéressé, vous rencontrez le conseil d’administration, vous plaisez, vous êtes engagé.

Clément Chéroux plaît beaucoup. Pourquoi ? Parce qu’il incarne le parfait commissaire d’exposition de demain. Il a cette formidable formule qui illustre les mutations actuelles : « Nous ne sommes plus à nous poser la question de la place de la photographie dans l’art mais celle de l’art dans la photographie ». La photographie est acceptée, reconnue, vénérée, passons à autre chose. Pour Clément Chéroux, les musées de photographie sont devenus inutiles, ils ne servent plus à rien, sinon à des combats d’arrière-garde. Il fait le constat qu’il n’y a plus l’équivalent des grands collectionneurs du siècle dernier. Aujourd’hui, ce sont les musées ou les fondations qui les ont remplacés et font leur travail d’alors. « C’est la fin de la curatrice ou du curator providentiel et unique », détaille-t-il. « Aujourd’hui, à la tête d’un département de musée, il y a quatre ou cinq collaborateurs qui travaillent ensemble et échangent en permanence leurs idées. »

En quittant Paris, Clément Chéroux laisse trois très jolis cadeaux de départ, trois expositions dont il est le commissaire : Eli Lotar, au Jeu de Paume à voir du 14 février au 28 mai 2017, Josef Koudelka, La Fabrique d’Exils, au Centre Pompidou du 22 février au 22 mai 2017 et Walker Evans, Rétrospective, aussi au Centre Pompidou du 26 avril 2017 au 14 août 2017. Une exposition que l’on retrouvera au SFMoMA, à San Francisco donc, en septembre prochain. L’un de ses premiers projets sur le sol américain ? Magnum Manifesto, qui sera à l’affiche à l’International Center of Photography, à New York, du 26 mai au 3 septembre 2017. Entre toutes ces expositions, il avoue sa préférence pour Walker Evans, qui fut l’un des rêves de sa vie.

L’introduction de Clément Chéroux conduit à un constat. Celui de deux générations formidables de directrices et directeurs de départements photo, à des postes clés dans le monde la photographie et réunissant chacune et chacun culture, talent et créativité : Sylvie Aubenas, Agnès Sire, Diane Dufour, Luce Lebart, Marta Gili, Quentin Bajac, Gilles Mora et Clément Chéroux.

Jean-Jacques Naudet

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