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Cristina Dias de Magalhães, Vu(es) de dos

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Pourquoi se photographier de dos ? D’où me vient cette envie ? Cette aventure photographique est née suite à un autoportrait où l’on ne voit que mon dos. Pourrait-on alors parler de « selfie de dos » ? Cette approche expérimentale de se photographier de dos, mon appareil photographique à bout de bras, m’a poussée à entamer une réflexion sur la photographie et le rapport qu’elle permet d’instaurer avec le corps : mon corps et celui des autres. D’où le titre de mon livre « Vu(es) de dos. La photographie – espace d’identité & de création » (Paris, L’Harmattan, 2016).

C’est ce rapport au corps et à la photographie qui est à l’origine de cet ouvrage, dans lequel j’invite à découvrir ce qui m’a fascinée au point de travailler sur les « Vu(es) de dos », les miennes comme celles d’autres artistes. Comme l’indiquent les différentes acceptions du mot « vues », nous sommes ici confrontés à différents regards (approches artistiques), qui questionnent chacun à leur manière cet « être vu » (sujet / objet observé) de dos devenant ainsi, par l’intermédiaire du regard de l’artiste, cette « vue de dos » (un espace observé).

Dans une société dominée par les médias et les réseaux sociaux, le regard que nous portons ou projetons de nous-mêmes a pris une place de plus en plus importante. En utilisant la photographie comme prothèse de notre regard, on apprend à s’observer et à aimer ce qu’on découvre. Et en se montrant aux autres, on s’aperçoit que ce que nous sommes est souvent égalé, voir surpassé, par ce qu’on donne à voir. Notre génération est dominée par les images que nous envoyons dans le monde. C’est le domaine particulier des selfies. « Je vous montre qui je suis. Regardez comme je suis beau/ belle ! Regardez comme je profite de la vie ! Regardez ! Aimez mes images ! Partagez mes images ! » Ce manque de reconnaissance semble bien être le symptôme d’un mal-être de notre société qui se réfléchit de plus en plus dans des miroirs (les smartphones qui incorporent l’appareil photographique). Une société qui, à travers ses selfies, semble devenir de plus en plus narcissique (égoïste – le rapprochement en anglais selfie-selfish ne semble pas anodin-) et superficielle. L’image propre semble devenir support, surface d’un vécu, d’une expérience unique, et par moments elle nous pousse à aller au-delà de nos limites corporelles.

Cristina Dias de Magalhães

www.cristina-dias.com

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