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Nos coups de cœur de l’AIPAD 2017

Après des heures passées dans le grand hangar où s’est tenu le Photography Show ce weekend à New York, on est pris d’une impression bizarre mêlée d’enthousiasme et de frustration. Avec trois expositions proposées et plus de cent galeries et éditeurs représentés, on a le sentiment d’avoir manqué beaucoup de choses. On y est arrivé plein d’énergie, frais et disponible, on en est sorti épuisé, l’œil hagard, mais comblé. Il est impossible d’appréhender un ensemble si foisonnant et on n’en garde finalement qu’une collection d’images qui sont comme autant de persistances rétiniennes. On se propose ainsi de revenir sur quelques images vues et retenues au gré de nos différentes visites et de nos différentes humeurs et on s’excuse d’avance du caractère arbitraire et succinct de cette sélection.

Pour la petite histoire, The Photography Show a accueilli Lucien Samaha, ancien employé de Kodak, qui a pris les premières photos avec un appareil numérique au début de la décennie 1990. Si on pouvait rencontrer M. Samaha dans un petit studio photo improvisé, c’est Steven Kasher qui présentait une sélection de ses images. On s’est laissé séduire par leur qualité “douteuse” et le  “bruit” si caractéristique des premières images numériques qui, vu de 2017, n’est pas dénué de charme.

La galerie parisienne Baudoin Lebon a accroché plusieurs photographies de Patrick Bailly-Maître-Grand dont certaines tirées de la série Les Pommes de Newton (2004). Comme à son habitude, la photographie de Bailly-Maître-Grand est érudite, mais elle est surtout un terrain de jeu où il y a toujours un défi technique à relever. Ce verre en lévitation, dont le titre explicite la référence au philosophe et scientifique britannique, est aussi un bel hommage à Josef Sudek. Il y avait aussi ce superbe tirage Vue d’atelier (1925) de Constantin Brâncuși, présenté par la galerie Bruce Silverstein, qui montre un ensemble de sculptures et de socles et qui nous a fascinés pendant un moment.

Enfin, la photographie contemporaine était bien représentée. La Galerie Particulière a montré une sélection de grands formats de Lise Sarfati. On a autant apprécié la densité et la précision des images que l’accrochage minimaliste (on attend la publication chez Steidl cet été). La galerie Weinstein de Minneapolis a montré deux belles images d’Alec Soth tirées de sa série la plus récente Park Hyatt, Tokyo (2015), une sorte de journal de bord de son séjour dans l’hôtel de Lost in Translation. L’une d’entre elles montre un rideau entrouvert par deux mains floues et une vue nocturne sur la ville, on a l’impression d’assister à une scène de voyeurisme étrange. La galerie Stephen Bulger de Toronto a exposé quelques images hallucinées de Sarah Anne Johnson entre aberrations chromatiques et représentations d’une vie marginale. Enfin, la galerie Yancey Richardson a accumulé sur des petites cimaises des grands tirages de Paul Mpagi Sepuya dont on aime particulièrement la tension érotique, le travail de déconstruction et le rapport au studio et à l’espace de création (et dont on pouvait encore voir l’exposition à la galerie).

Hugo Fortin

Hugo Fortin est un auteur spécialisé en photographie basé à New York.

 

http://www.aipad.com/

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