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Les drôles de sculptures photographiques de Nino Cais

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Dans son exposition Opéra do Vento (Opéra du Vent), qui vient d’ouvrir à la Casa Triângulo à São Paulo, l’artiste brésilien Nino Cais rappelle que l’on peut rire de tout, même des images.

Nino Cais, qui a l’habitude de jouer dans ses œuvres avec des objets du quotidien pour en détourner la fonction initiale, s’attaque ici en grande partie aux images : une collection de photographies en noir et blanc provenant d’encyclopédies et d’anciens magazines dédiés au cinéma, se retrouve – non sans humour – démantelée, découpée, puis recomposée et réarrangée par l’artiste sur les murs (et au sol) de l’espace d’exposition.

Cais utilise toutes sortes de processus de découpage et de collage pour procurer une dimension nouvelle à ces images, bien souvent placées sous le signe du jeu. De petits objets du quotidien viennent s’associer à des portraits pour créer de petites “sculptures-images”, et donner un sens nouveau et décalé à ces portraits : des visages d’actrices pleurent des larmes faites de bijoux de plastique, un coquillage vient se lover entre les deux parties d’une image représentant un couple en train de s’embrasser, un Apollon voit son corps aux dimensions parfaites découpé en six parties qui viennent tapisser un ensemble de petits plats pour biscuits apéritif.

Un certain cynisme s’invite aussi parfois au sein des jeux d’images ; c’est le cas avec cette lame de couteau plantée dans le mur qui est venue trancher en deux un portrait de femme en plein dans ses yeux, juste au ras de ses cils. L’artiste n’hésite pas à jouer avec les outils qu’il utilise pour découper les images, et à les intégrer à ses collages : comme le couteau précédemment évoqué, toute une série de portraits laisse la lame de cutter qui vient de les ciseler faire partie intégrante de l’image résultante.

La pièce majeure de l’exposition, qui lui donne aussi son titre, consiste en une foule (85 en tout) de porte-partitions envahissant tout un pan de la pièce principale, parés non pas de feuilles comportant portées et notes, mais d’images de coquillages issues d’une encyclopédie. La prolongation de l’usage premier de l’image opère ici presque dans le domaine sonore, tant le titre et la force de l’installation résonnent pour évoquer le domaine du musical, et le souffle émanant de la multitude d’images de coquillages arrivant presque jusqu’à nos oreilles.

En s’éloignant du rapport sacré et encyclopédique que l’on entretient souvent avec les images, et en les détournant de leur fonction informative pour les considérer comme éléments de départ de collages et petites sculptures souvent humoristiques, Cais présente une exposition forte dans son propos, mais aussi légère et drôle. De l’Opéra du vent émanent des airs plein d’humour, à la composition parfaitement ciselée.

Elsa Leydier 

Elsa Leydier est photographe et auteure spécialisée en photographie. Elle partage sa vie entre Lyon et Rio de Janeiro.

 

Nino Cais, Opéra do Vento
Jusqu’au 13 mai 2017
Casa Triângulo
Rua Estados Unidos 1324
São Paulo, 01427
Brésil

https://www.casatriangulo.com/

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