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Par-delà l’horizon, sur le lien fusionnel entre l’être humain et la nature

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William Guilmain est un photographe de 34 ans vivant à Montpellier aussi chercheur en biologie, sa formation. Les thèmes récurrents de son travail questionnent la place de l’être humain dans la nature ainsi que les liens entre les deux (proches ou lointains). Il expose deux séries de photographies dénommées Cosmos et The edges of the world regroupées sous le titre Par-delà l’horizon, au Bar à photo à Montpellier, jusqu’au 6 mai. Egalement retenu par le jury du festival Le Printemps des photographes à Sète, pour la série The edges of the world, il y exposera du 24 mai au 10 juin prochains.

Pouvez-vous nous présenter ces deux séries de photographies et ce qui les lie ?

Il y a un dénominateur commun, une liaison, c’est le rapport avec la nature. Bien qu’elles soient esthétiquement différentes, elles traitent toutes les deux de la guérison par la nature. La série Cosmos parle de mon propre vécu. J’ai été élevé dans la nature, en Lorraine, près des Vosges. J’ai passé mon enfance à construire des cabanes, à cueillir des champignons… Je n’avais pas de console de jeu ou tous ces supports électroniques comme la génération d’aujourd’hui. Cela a laissé une empreinte. Quand j’ai grandi, j’ai suivi le parcours de beaucoup de monde, je me suis rapproché des villes. A un moment de ma vie [au printemps 2015], j’ai ressenti un manque. J’avais un besoin viscéral de me replonger dans la nature. Le titre vient du livre de Michel Onfray que je lisais à cette époque, Cosmos, dans lequel l’auteur explique que l’Homme est passé d’un état où il faisait partie de la nature à un état où il est séparé de cet élément primaire (par la philosophie, la technologie…). La démarche de cette série de photographies, c’est de parler du vide qu’il y a dans le cœur des Hommes, car on naît dans la nature puis on s’en arrache, et on essaye par la suite de combler ce vide en achetant des choses.

J’ai créé la série The edges of the world plus tard, en janvier et février 2016, en Suède. J’étais seul, en errance. Je suis parti avec mes chaussures et mon matériel pour voir ce que l’environnement allait m’offrir. J’étais dans les sous-bois, il n’y avait pas un chat parce qu’il avait neigé, j’avais souvent le sentiment d’être le dernier humain sur Terre. Seul, dans le froid et le silence : cela favorise l’introspection, cela permet de se reconcentrer. Ce n’est pas possible dans le bruit, dans l’agitation de la vie quotidienne, avec le risque que le téléphone sonne à tout moment… A ce moment-là, j’étais dans un état autre, j’étais davantage dans l’essentiel, dans la pureté de l’instant. J’ai tenté de développer une esthétique photographique minimaliste, inspirée du graphisme japonais. Cela colle parfaitement à l’état d’esprit dans lequel j’étais lorsque j’ai créé cette série.

Dans les deux séries, mes photographies parlent de cette liaison avec la nature, de l’introspection et du retour à l’humanité. Je compare souvent les humains à des oignons : on découvre qui l’on est une fois que l’on se débarrasse de toutes ces couches de choses non-essentielles, un peu comme des pelures !

Pensez-vous qu’il est possible de pratiquer la méditation par le biais de la photographie ? Y a-t-il un aspect méditatif dans vos images ?

Tout à fait, car la méditation, c’est la contemplation, la poésie de l’instant. Cela permet de vivre l’instant présent. La photographie permet la même chose.
 Je ne suis pas capable de faire une photographie de but en blanc. Je ne suis pas un voleur ou un chasseur d’images. Je dois lâcher prise, marcher, parfois quelques heures, jusqu’à faire corps avec l’environnement, avant de faire des photographies. Cela est cohérent avec l’esprit de la méditation.

Avez-vous un(e) artiste qui vous inspire ?

Cindy Jeannon. C’est une photographe de nature qui vit dans les Vosges. Elle ne fait pas de simples photographies de la nature, il s’agit plutôt d’autoportraits : c’est elle que l’on voit à travers les paysages.

Vous écriviez de la poésie avant de faire de la photographie. Pensez-vous qu’une image peut exprimer plus de choses que des mots ?

C’est ce qui a fait que j’ai basculé vers la photographie… Je lisais beaucoup d’auteurs romantiques (Rousseau, Chateaubriand…) puis j’ai lu Errance de Raymond Depardon. Dans son ouvrage, il mélange les deux : il a une superbe plume et les photographies sont sublimes. C’est à partir de là que j’ai commencé à photographier. Et plus je photographiais, moins j’écrivais, comme des vases communicants. Les mots sont imparfaits, pas assez puissants, ils peuvent être interprétés et compris de différentes façons. Les images peuvent être sonores et faire beaucoup de bruit. La photographie est un cri silencieux.

Propos recueillis par Marion Moret

Marion Moret est une journaliste basée à Marseille, en France.

William Guilmain, Par-delà l’horizon
Jusqu’au 6 mai 2017
Bar à photo
29 ter rue Lakanal
34090 Montpellier
France
https://fr-fr.facebook.com/Baraphoto.montpellier/

Du 24 mai au 11 juin 2017
Festival Le printemps des photographes
Atelier galerie Hernan Torres
40 rue Pierre Sémand
34200 Sète
France
http://www.printemps-des-photographes.fr/

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