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Claude Iverné, Portraits

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Le photographe français Claude Iverné, exposé à la fondation Henri-Cartier Bresson, a exercé dans la presse en tant que portraitiste, se frottant notamment aux maitres. Nous vous offrons un aperçu de cette facette de son travail.

J’avais griffonné un petit mot à l’attention d’Alexander Liebermann après avoir lu une interview édifiante intitulée The Right Circle. Le maître de Condé Nast y affirmait l’insuffisance du talent pour émerger. Evoluer dans “les bons cercles” primait. L’article annonçait une exposition de peintures dans une galerie huppée de l’Upper East. Je n’en menais pas large, mais j’étais déterminé à recevoir son jugement sur mes portraits alors très inspirés de Penn, dont il était très proche. Il sortit d’une limousine et pénétra majestueusement dans la galerie, entouré de deux magnifiques femmes d’une remarquable élégance. J’entravais le cortège, une minuscule enveloppe tendue vers lui. Je répondis que c’était à lire plus tard, et filais, encore écarlate mais soulagé.

Le lendemain à 9 h : « Bonjour, Pardonnez-moi de vous déranger, je cherche à joindre Monsieur Claude Iverné s’il vous plaît ? » « Moi-même » répondis-je dans le combiné à cette voix posée dans un français sans accent. « Alexandre Libermann, quand puis-je vous rencontrer ? » « Cet après-midi 15 h ? » Une impressionnante paix et cordialité régnaient à cet étage. Je fus ponctuellement annoncé avec grande délicatesse. Il se leva pour m’accueillir dans son immense bureau et regarda longuement chacun de la vingtaine de tirage noir et blancs apportés. Evidemment, autant nous avons qui vous savez ici pour les portraits mais à Paris, j’aimerais bien collaborer avec quelqu’un comme vous.

« J’aimerais aussi voir comment vous traitez la couleur, auriez-vous quelques images à me montrer ? » « Oui, mais des images de catalogue peu représentatives. » « C’est juste pour considérer votre maitrise, je ne serai pas présent demain, mais si vous pouvez les déposer, cela m’importe. » Il fut convenu que je récupère le tout deux jours plus tard, sans garantie de sa présence. A ce moment, sa charmante me demanda de patienter car M. Lieberman lui avait demandé de le prévenir de mon passage. « Je me suis permis de montrer vos portraits à notre creative director chez Vogue » « Claude Iverné se trouve ici, je vous le passe, toujours dans un français précis ».

André Léon-Taley me partagea son avis commun d’avec celui d’A. Lieberman, mais voulait juste me rencontrer personnellement. Ne pouvant me voir sur l’heure et embarquant précisément pour Paris, nous prîmes rendez-vous pour un petit déjeuner trois jours plus tard au Regina. Dans l’intervalle, la directrice des 3 Suisses, mon client vital, exigea soudainement ma présence à une réunion de travail improvisée pour le prochain catalogue. Je parvins à Joindre Léon Talley. Après un silence, il acquiesça et me proposa de le rappeler le lendemain matin pour reporter notre rencontre, ne trouvant pas son agenda sur le moment. Jamais je ne parvins à le joindre de nouveau.

Lors de ce même séjour à New York, je reçus un coup de fil d’Irving Penn. Le petit mot à son intention, confié timidement à la personne qui m’avait ouvert la porte de son studio le matin même l’avait « touché » et il tenait à m’en remercier personnellement. Le soleil brillait ce jour de septembre 1993.

Claude Iverné

 

Claude Iverné, Bilad es Sudan
Du 11 mai au 30 juillet 2017
Fondation Henri Cartier-Bresson
2 Impasse Lebouis
75014 Paris
France

http://www.henricartierbresson.org/

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