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Arles 2017 – Blank Paper, école collective

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En 2001, une poignée de photographes espagnols obtient le diplôme d’art de l’école Arte 10 à Madrid. Antonio Xoubanova, Óscar Monzón, Mario Rey et Fosi Vegue ont une envie autant qu’un besoin : faire entendre leurs voix respectives, se démarquer, exister sur la scène locale, nationale, voire mondiale. La solution passe par une mise en commun de leurs talents, de leurs efforts et de leurs capacités. Deux ans passent et le collectif Blank Paper nait. Dans le cadre de son programme Je vous écris d’un pays lointain, les Rencontres d’Arles proposent une rétrospective “au présent” de cette scène madrilène et, plus généralement, espagnole.

Comme l’affirme Antonio Xoubanova, un des fondateurs de Blank Paper, “l’idée était de construire un collectif qui nous servirait à partager les savoirs, les expériences et nous donnerait une visibilité”. L’une des devises du collectif est “l’entière sincérité”. Chacun regarde le travail de l’autre avec critique, sévérité et justesse. “Nous avons appris énormément des critiques, des connaissances de nos collègues et tout cela enrichit notre travail”. Cette méthode critique, appliquée au travail de l’autre, va jusqu’à modifier la perception de leurs propres œuvres. Ainsi, Antonio Xoubanova ne considère pas son travail comme le résultat d’une création individuelle, mais pour lui, l’œuvre nait avec un environnement, dans son contexte. “La création est collective et plus l’environnement est riche, plus le travail du photographe le sera”.

Les photographes ne renient pas pour autant leur héritage. Les influences demeurent prégnantes. Blank Paper est une affaire d’échanges, de transmission, de création, certainement pas une révolution, Le collectif ne souhaite pas faire table rase du passé, mais s’inscrire tant dans leur contemporanéité que dans un dialogue avec des mouvements antérieures. Ainsi, Ricardo Cases reconnaissait récemment l’influence d’artistes comme Carlos Perez Siquier pour son usage de la couleur, ou Cristobal Hara pour son utilisation du flash. Ces figures sont regardées, admirées, étudiées par le groupe.

Ricardo Cases rejoint justement le groupe en 2005. Le collectif s’agrandit petit à petit. Cases apprend l’existence du collectif par internet. Il les contacte, ils se rencontrent, échangent rigoureusement sur le travail de l’un puis de l’autre. Le voilà admis ! L’esprit de curiosité est un autre des principes essentiels du collectif. 2005 marque aussi le début des reconnaissances. Les bonnes critiques commencent à affluer. Pour son projet Extremaunción, Fosi Vegue reçoit le Prix Fotopres, tandis qu’Antonio Xoubanova est le lauréat du Premier Prix de Photographie ARCO.

2006 est une année charnière. Le collectif se mue en école de photographie. Les récents diplômés deviennent professeurs. Et leur philosophie fondée sur l’échange de connaissances et la méthode critique transparaît dans leurs enseignements. Chacun en tire un profit. Être professeur nourrit une démarche “égoïste”, nous apprend Antonio Xoubanova. “Enseigner est à la fois un acte de générosité et d’égoïsme. L’étudiant apprend, mais aussi le professeur, puisqu’il faut aider l’étudiant à trouver des solutions à leurs difficultés créatives”.

Alors qu’ils ont rejoint l’école un an plus tôt, Alejandro Marote et Julian Barón deviennent à leur tour professeurs en 2007. En 2009, Natalia Troitiño y Ricardo Case fondent les editions Ediciones. En 2013, Óscar Monzón reçoit le First Book Award décerné par Paris-Photo et la Fondation Aperture. Le collectif devenu école s’agrandit, s’enrichit davantage, gagne en reconnaissance.

L’école évolue elle-aussi. À l’initiative de Julian Barón, celle-ci s’est mise à dispenser des cours en ligne. Bientôt, un projet de cours particuliers sera offert, avec la possibilité de recevoir un cours dans l’atelier de l’artiste ou chez soi.

Aujourd’hui, Blank Paper compte 18 professeurs, dont de nombreux anciens élèves. David Hornillos, Michele Tagliaferri, Bernardita Morello, Miren Pastor ou encore Federico Clavarino sont à leur tour devenus enseignants. Le temps d’un été, l’école madrilène se pose dans dans la ville d’une autre grande institution, celle de l’École Nationale Supérieure de Photographie. Nul doute que les élèves de tous bords en tireront des enseignements.

Arthur Dayras

Arthur Dayras est un auteur spécialisé en photographie qui vit et travaille à Paris.

Blank Paper, Histoire du présent immédiat

Festival des Rencontres de la Photographie d’Arles 2017

Du 3 juillet au 24 septembre 2017

Arles, France

www.rencontres-arles.com

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