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Sylvie Haberberg, Ma démarche 2.0

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Mon travail s’inscrit dans notre temps, il revendique son appartenance au 21e siècle. Et justement, notre modernité met à la portée de tous des outils multifonctionnels et hyper-performants qui accélèrent notre quotidien en révolutionnant la communication et le traitement de l’information. L’extension des réseaux sociaux ouvre l’ère de l’instantané dans le lien social. Aujourd’hui, le smartphone est emblématique de ces transformations prodigieuses. C’est un organe qui devient une extension de notre corps individuel vers le corps social. La pratique de la photographie s’en trouve bouleversée, c’est un fait. Elle devient capable de produire immédiatement un langage universel qui, à tout moment et de n’importe où, peut toucher n’importe qui. Chacun devient donc, qu’il le sache ou non, acteur de ce langage. Mais ce langage se vide d’être pure information. Sur Instagram, par exemple, le flux des photos inonde le réseau en attente de like, avant de disparaître. On y déverse ses selfies et les images de son repas, de son intérieur, de ses amis, de ses enfants, de ses animaux de compagnie, d’un paysage, etc., avant de les oublier. Chacun se met en scène et se donne à voir dans une liste à la Borges. Bref, la contingence des réseaux sociaux s’offre au regard immédiat, avant de sombrer dans l’oubli.

Ma démarche s’enracine là entre autre : prendre l’outil banal qu’est le smartphone pour regarder et photographier ce qui ne se donne pas à voir, en créant mon propre langage pour l’inscrire dans une certaine durée. Le smartphone banalise l’usage de la photographie et met particulièrement en relief que ce qui fait la photo, c’est la singularité du regard. Avec le smartphone, j’utilise un objet contemporain paradigmatique comme un ready-made : j’en détourne l’usage habituel. Il s’agit de prendre le temps de faire des photos élaborées (certaines ne dédaignent pas une certaine référence académique) et de les basculer sur les réseaux sociaux pour en trouer le vide que le flux usuel des images banales laisse derrière lui. La composition de mes photos vise donc à subvertir le principe même des images 2.0.

En réalité, tout mon travail porte sur les conséquences de la disparition.

Dans la série des « Portraits et Féminité » : la disparition porte sur l’effacement du visage ou l’élision d’une des parties du corps. La féminité surgit de la coupure qu’opère le cadrage en morcelant le corps et en valorisant une poétique du détail. Par l’exposition d’un détail isolé, le corps féminin peut alors s’imaginer tout entier : par le découpage, il retrouve son entité ; par le fractionnement, il s’évoque et se reconstitue. Le découpage métonymique du corps, loin de l’altérer, permet de l’imaginer.

https://www.facebook.com/Sylvie-Aflalo-149791735525219/

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