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Marie Cosindas

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Quand la tendance des galeries est au noir et blanc, les photographies couleur inédites se font rares. C’est pourtant le cas dans cette rétrospective consacrée à Marie Cosindas à la Bruce Silverstein Gallery de New York, où certaines images apparaissent pour la première fois sur les murs d’un espace commercial. Inédites pas tout à fait donc, mais méconnues, certainement. Trente-cinq œuvres de cette photographe américaine, aujourd’hui nonagénaire, révèlent un univers feutré et un brin rococo, animé par des figures humaines, des poupées anciennes, des masques, des tapis, ou, élément les plus présents, des fleurs et des plantes. Avec délicatesse, les couleurs de ces objets se marient à celles des peaux ou vêtements des hommes ou des femmes, pour des Polaroids à la texture soignée. Tantôt décoratives par ses nombreux arrangements de natures mortes, parfois inquiétantes, comme avec les masques, souvent teintées d’humour, comme en témoignent les bouquets d’asperges, les photographies de Marie Cosindas ne s’interdisent pas l’excentricité. Ainsi, il faut voir ce portrait d’une femme en sous-vêtements, talons argentés, coupe de fruits à ses pieds et envahie par une cohorte de colombes. Effet déjanté assuré.

Bien avant de faire l’objet de cette exposition, le travail de Marie Cosindas fut présenté au MoMA de New York en 1966, pour un événement qui fit date. Mais c’est à Boston qu’elle a façonné son style baroque, dans son studio où elle entreposait également des figurines, des bijoux, des bouteilles de parfum ou des cartes de tarot — d’innombrables babioles qui ont affirmé à travers les années sa signature. D’une structure souvent pyramidale, ses compositions, car il est d’abord question de cela, se jouent évidemment du kitsch pour une sorte de vieux monde poussé à l’excès. Après sa découverte en 1961 par Edward Steichen qui lui acheta trois tirages, la photographe était devenue une figure incontournable du medium, adoubée également par John Szarkowski, l’homme qui lui avait offert le succès et avait étiqueté son œuvre comme l’un des seuls « travaux notables » en photographie couleur, et cela même avant le pionnier William Eggleston (Il faut rappeler qu’à l’époque, Szarkowski avait l’idée de faire d’un Américain le représentant de la couleur, mais que Brassaï ou Berko l’utilisaient déjà avec brio). Arrangements de Marie Cosindas, série à l’esthétique picturale, composée de modestes tirages à peine plus larges que 5 cm, à apprivoiser en proximité, est probablement l’une des plus remarquables expositions new-yorkaises de cet hiver.


EXPOSITION 
Arrangements, de Marie Cosindas
Jusqu’au 8 mars 2014
Bruce Silverstein Gallery
535 W 24th St #1, New York, NY 10011
Etats-Unis

T: (212) 627-3930


http://www.brucesilverstein.com

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